AB InBev cherche à faire évoluer son modèle

Le premier brasseur mondial a vu son bénéfice fondre de 15 % en 2018. Il met le cap sur le sans alcool.

AB InBev a-t-il vu trop grand en avalant  le numéro deux mondial SABMiller  en 2016 ? Sous la houlette du fonds 3G, son principal actionnaire, a-t-il ensuite trop serré les coûts, à l’instar de Kraft Heinz ? Le leader mondial de la bière affirme continuer de « croire en sa stratégie ». Pourtant, ses résultats annuels sont loin de correspondre à ses attentes.

Ce jeudi, AB InBev a bien dû reconnaître qu’il n’est « pas pleinement satisfait » de l’exercice 2018. Le propriétaire de Budweiser a vu son bénéfice net reculer de près de 15 %, à 6,7 milliards de dollars, au cours de l’exercice 2018, après avoir été confronté à des difficultés macroéconomiques sur de nombreux marchés émergents, dont le Brésil, l’Argentine et l’Afrique du sud. A ce contexte compliqué s’est ajoutée « la volatilité des devises », qui a freiné le groupe dans sa course au désendettement.

Une dette abyssale

L’acquisition de SABMiller pour environ 100 milliards de dollars a valu à AB InBev un endettement équivalent. Ce dernier a certes un peu diminué à grands coups d’économies, à commencer par la division par deux du dividende en octobre dernier . Mais la dette équivaut encore à 4,6 fois l’Ebitda contre 4,8 fin 2017. Entre-temps, le titre a perdu 38 % en Bourse.

En outre, AB InBev, dont la stratégie consiste à se nourrir des synergies avec les groupes acquis, dit avoir réalisé plus de 90 % des économies attendues, depuis l’acquisition de SABMiller.

Objectifs non chiffrés

Plus encourageant pour la suite, le chiffre d’affaires a progressé de près de 5 % à 54,6 milliards de dollars et le résultat brut d’exploitation de près de 8 %, à base comparable, à 22 milliards de dollars. La croissance combinée de ses trois marques mondiales Budweiser, Stella Artois et Corona, ressort quant à elle à 9 %.

De fait, la situation n’est pas aussi difficile que chez Kraft Heinz, qui a lui aussi appliqué la stratégie 3G. « A contrario de Kraft Heinz, 3G a éliminé moins de managers seniors », explique un professionnel. Le groupe a réagi plus vite à l’essor des bières artisanales en rachetant des petites marques et il entend continuer à  donner de l’importance au sans alcool ( 8 % de ses volumes étaient sans ou peu alcoolisés en 2018) pour mieux répondre aux attentes des consommateurs. Pour 2019, le géant n’a pas chiffré ses objectifs mais il a fait valoir que le revenu par hectolitre devrait augmenter plus vite que l’inflation avec la demande accrue de bières haut de gamme.