Les actionnaires du champion français de l’hôtellerie ont approuvé vendredi la cession du contrôle de la filiale immobilière AccorInvest. Selon son PDG, il pourrait porter à une quarantaine le nombre de ses marques d’hébergement d’ici à cinq ans.

Il n’y avait pas de suspens, mais le moment n’en est pas moins historique, et symbolique de la transformation du groupe : réunis en assemblée générale mixte, les actionnaires d’AccorHotels, le champion français de l’hôtellerie, ont approuvé vendredi à la quasi-unanimité (à 99,89 % !), la cession du contrôle de sa filiale immobilière AccorInvest, soit un parc de 891 hôtels – dont 324 détenus en pleine propriété -, pour l’essentiel situés en Europe.

Consortium

L’opération, qui doit être finalisée au plus tard le 30 juin, prévoit la reprise de 55 % du capital par un consortium réunissant les fonds souverains d’Arabie saoudite et de Singapour, respectivement Public Investment Fund et GIC, les « institutionnels » tricolores Crédit Agricole Assurances et Amundi, la société d’investissement américaine Colony NorthStar, ainsi que d’autres investisseurs dont l’identité n’a toujours pas été dévoilée. Il s’agirait de holdings d’investissement familiaux asiatiques. AccorHotels, qui s’est engagé à conserver 30 % du capital pendant cinq ans, se donne la possibilité d’en céder 15 % supplémentaires à court terme.

Cash

Dans l’immédiat, le numéro six mondial de l’hôtellerie (4.283 hôtels, soit quelque 616.000 chambres, dans 99 pays à la fin 2017), qui conserve durablement l’exploitation du parc – via des contrats de management de 30 à 50 ans – s’apprête à encaisser 4,4 milliards d’euros de cash, du jamais vu pour le groupe cinquantenaire. D’où la question, posée à leur tour par certains actionnaires : pour quoi faire ? La direction a d’abord répondu en réitérant son intention de racheter des actions, pour un montant maximum de 1,35 milliard d’euros. Par ailleurs, le PDG  Sébastien Bazin , à la tête du groupe depuis fin août 2013, a confirmé sa volonté de poursuivre le développement du groupe et notamment les « acquisitions ciblées ». Il a même indiqué qu’AccorHotels pourrait compter « une quarantaine de marques (pour l’hébergement, NDLR) d’ici à cinq ans », à comparer à 25 à la fin 2017, et 13 cinq ans auparavant…

Achats sur étagère

Au-delà de son désengagement de l’immobilier hôtelier, Sébastien Bazin a transformé le modèle économique d’AccorHotels. Il en a modifié le profil faisant du leader de l’hôtellerie économique, avec Ibis pour locomotive, le numéro deux mondial de l’hôtellerie haut de gamme et de luxe à la faveur de l’achat courant 2016 des enseignes Fairmont, Raffles et Swissôtel. En parallèle, il a acheté sur étagère diverses sociétés et activités – près de dix marques au total – positionnant l’opérateur comme un  groupe de services aux voyageurs et aux hôteliers  : John Paul (conciergerie), Onefinestay (plate-forme de location d’hébergements privés), VeryChic (un spécialiste des ventes privées pour l’hôtellerie de Luxe), Gekko (réservation et services numériques), ResDiary (plate-forme de réservation pour restaurants)… AccorHotels doit « démultiplier les points de contact » avec les voyageurs et/ou consommateurs et étendre sa « toile d’araignée » « pour répondre aux acteurs de la nouvelle économie » – les fameux « GAFA » en premier lieu -, explique Sébastien Bazin pour justifier sa stratégie.