Agroalimentaire : les fournisseurs de la restauration en état de choc

Plus de la moitié des entreprises de l’agroalimentaire qui fournissent les restaurants et les cantines ont perdu la moitié de leur chiffre d’affaires avant le deuxième confinement, selon une consultation organisée par leur organisation professionnelle. Les aides promises n’ont toujours pas été versées. Certaines craignent de mettre la clé sous la porte.

Au printemps, le gouvernement louait la résilience de l’agroalimentaire. Six mois après tombent des chiffres très alarmants. 57 % des entreprises qui fournissent restaurants et cantines ont vu leur activité chuter de 50 %, affirme l’Association nationale des industries de l’alimentation (ANIA), suite à une consultation lancée du 21 octobre au 10 novembre 2020 auprès de 400 sociétés du secteur. Si la plupart des restaurants à Paris avaient rouvert après le premier confinement, ce n’était pas du tout le cas dans le reste de la France.

Et les dernières annonces du chef de l’Etat n’ont guère rassuré. « Sept nouvelles semaines à attendre pour toute une filière liée à la consommation hors-domicile qui continue sa descente aux enfers », dit l’organisation professionnelle, qui estime à 15 % le chiffre d’affaires réalisé par ces fournisseurs avec les restaurants et les cantines. Le maintien des mesures d’austérité pendant toute la période des fêtes est comme « un nouveau coup de massue pour ces entreprises de la brasserie, du foie gras, des produits de la mer, du fromage, du café… qui espéraient enfin une reprise d’activité dans cette période si cruciale », souligne l’ANIA.

Nouveaux arbitrages

La réouverture des cantines n’a pas permis de sauver les meubles. « Ce n’est pas là que se font les marges », dit Frédérique Le Houx, directrice générale de Geco Food Service, une association fédérant une centaine d’entreprises du secteur. En outre, les cantines ont considérablement ralenti leurs achats par crainte de devoir fermer tout à coup et d’avoir des stocks sur les bras. « Tout est en flux très tendu et une grande partie en surgelé ». D’ici à deux ans les cantines devront dépenser la moitié de leur budget en achats de produits de qualité et bio. « Qui les fournira ? », s’interroge la responsable. « Les entreprises qui les fournissaient ne seront plus là ou auront fait d’autres choix. Qui prendra le pari après les dégâts de cette crise de réinvestir dans des unités de production en France pour servir la restauration ? C’est toute une filière qui fonctionnait très bien et qui offrait des réels débouchés à l’agriculture qui risque de disparaître », craint-elle encore.

Des aides promises mais inaccessibles

Les entreprises agroalimentaires ayant perdu au moins 80 % de leur chiffre d’affaires ont pu entrer dans le dispositif d’aides du gouvernement . « Mais seulement en septembre ». Et les aides promises tardent à être versées. Comme d’habitude, les demandeurs se retrouvent face à un maquis administratif d’une grande complexité. « Lorsque nous avons réussi à faire passer notre message auprès des politiques ensuite nous nous heurtons à l’administration locale qui reçoit des consignes souvent confuses », explique Frédéric Le Houx. « Un guichet unique leur faciliterait la tâche », observe l’ANIA. Surtout pour celles dont la trésorerie est la plus touchée.

Aujourd’hui, les entreprises de l’agroalimentaire demandent « des aides pour la valorisation des stocks des invendus via un crédit d’impôt, une défiscalisation des dons alimentaires. Ainsi qu’un plan de relance spécifique ». Sans cela, la France perdra une partie de sa filière alimentaire et gastronomique avec de très lourdes conséquences sur l’emploi et sur l’agriculture, affirme l’ANIA.

Article de Marie-Josée Cougard – A retrouver en cliquant sur Source

Source : Agroalimentaire : les fournisseurs de la restauration en état de choc | Les Echos