L’industrie alimentaire lance la première bibliothèque numérisée sur les données de leurs produits avec le Fonds français pour l’alimentation et la santé.

Prises de vitesse par des applis comme Yuka , Kwalito ou Scan Eat, les entreprises du secteur alimentaire tentent de reprendre la main sur les données de leurs produits en créant une vaste bibliothèque numérisée. NumAlim est un projet de 6,5 millions d’euros financé pour moitié par l’Etat. On y trouvera la description des denrées alimentaires, leurs conditions de production, le moyen de les tracer, leurs caractéristiques nutritionnelles, l’impact sur la santé… Un savoir quasi encyclopédique, qui se veut proche du dictionnaire, destiné à faire toute la transparence sur l’alimentation industrielle de plus en plus regardée avec suspicion.

Quatre ans de travail

« C’est le résultat de quatre ans de travail vers une information à la carte, explique Daniel Nairaud, directeur général du Fonds français pour l’alimentation et la santé (FFAS). Le sens de l’histoire, c’est l’alimentation personnalisée. Dans quinze ans chacun mangera en fonction de son microbiote et de son génome. » Le FFAS réalise ce travail en partenariat avec l’Association nationale des industries alimentaires (Ania), la fondation Avril et GS1, spécialiste de la normalisation des méthodes de codage dans la chaîne logistique.

Une « carte d’identité » pour chaque aliment

L’idée est que les 18.000 entreprises agroalimentaires françaises renseignent cette plate-forme numérique en fournissant les données sur leurs produits suivant un langage commun. « Ainsi, nous pourrons établir une carte d’identité pour chaque aliment sur la base des informations des étiquettes », précise Daniel Nairaud.

Les informations sur les achats et les comportements alimentaires via les tickets de caisse des enseignes ou leurs cartes de fidélité seront également consignées dans cette vaste banque de données. Tout comme des éléments sur « les statuts nutritionnels de la population ». Les données recueillies seront croisées et analysées.

Cet outil ambitionne de donner une vraie visibilité aux entreprises pour avoir un meilleur référencement en magasin – surtout les PME moins informatisées que les grands groupes. Il doit aussi faciliter le travail des distributeurs, en précisant les attentes de leurs clients, et leur donner les moyens d’être plus efficaces en cas de rappels de produits.

Appli dans 18 mois

Une ou plusieurs applis doivent voir le jour sous dix-huit mois pour répondre aux questions des consommateurs et « réparer les erreurs des applis » disponibles, a ajouté Daniel Nairaud. Reste à savoir si le consommateur, qui passe au plus quelques minutes à choisir un produit alimentaire, sera preneur d’une information encyclopédique sur son smartphone ou préférera la simplicité d’un Yuka, même s’il est largement perfectible.