
Amazon affiche une santé insolente dopée par le coronavirus
Alors que la pandémie reprend, le géant de l’e-commerce affiche une santé insolente. Au troisième trimestre, son chiffre d’affaires a augmenté de 37 % et son bénéfice a triplé. L’opération Black Friday, fin novembre, va encore accentuer son avance. A la demande du gouvernement, la plateforme a accepté de stopper sa campagne de publicité massive.
Amazon est dans le collimateur des petits commerces. Car, alors qu’ils s’inquiètent pour leur survie, après un deuxième confinement, le géant de l’e-commerce affiche, lui, une santé insolente. Au troisième trimestre, son chiffre d’affaires a augmenté de 37 % pour atteindre 96 milliards de dollars et son bénéfice a triplé, dépassant les 6 milliards. Un effet de la pandémie et du confinement, qui ont cloué les consommateurs chez eux et conduit à la fermeture des magasins physiques. Depuis le début de l’année, alors que les plans sociaux se multiplient un peu partout, le groupe de Jeff Bezos a crée pas moins de 400.000 emplois.
Une campagne publicitaire suspendue
Et il ne compte pas s’arrêter là. Pour le trimestre en cours, le groupe anticipe un bénéfice opérationnel compris entre 1 milliard et 4,5 milliards. Car les fêtes de fin d’années qui approchent, et avant elles, le Black Friday, introduit par la plate-forme américaine en France, constituent un pic des ventes. Ce rendez-vous phare, avec son lot de promotions qui débutent le lendemain de Thanksgiving, le 27 novembre cette année, avec une semaine d’avance, suscite la controverse.
Alors que les petits commerces referment leur porte, Amazon a lancé une campagne de publicité massive. Le Black Friday, qui garnit la hotte du père Noël au rabais, est devenu la première séquence promotionnelle de l’année commerciale. Les distributeurs français suivent depuis plusieurs années et achètent des mois à l’avance les produits qui seront promus. Mais devant la fronde, et à la demande du gouvernement, le géant mondial a décidé d’arrêter cette opération de communication. « Amazon a lancé une opération de communication sur le Black Friday avant l’heure », ce qui est difficilement compréhensible dans le contexte actuel, a indiqué samedi Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l’Industrie sur Europe1. J’ai demandé à Amazon de faire preuve de responsabilité : ils vont mettre fin très rapidement à cette campagne ».
Un bond des ventes en ligne
Déjà, le premier confinement a accru la part de marché du shopping sur la Toile. Les ventes en ligne de produits grand public ont grimpé de 46 % entre avril et juin, a noté la Fédération de l’e-commerce. La crise a fait gagner plusieurs années de développement à ce canal de distribution. Toutefois, en mars, Amazon n’a pas bénéficié totalement du confinement. La filiale française a été contrainte par ses syndicats, pour des raisons sanitaires, de fermer des entrepôts. Elle n’en domine pas moins l’e-commerce hexagonal avec une part de marché de 22 % en 2019, selon l’institut Kantar.
Amazon, a bâti son empire à partir de la vente de livres. Vendredi, le gouvernement a annoncé que tous les rayons culture des grandes surfaces alimentaires et spécialisées seraient « momentanément fermés », par « souci d’équité ». Par solidarité, un peu plus tôt dans la journée, le groupe FNAC Darty avait décidé de condamner ses propres espaces culturels pour les quinze prochains jours. Amazon, lui, a le champ libre.
Article de Philippe Bertrand avec Dominique Chapuis – A retrouver en cliquant sur Source
Source : Amazon affiche une santé insolente dopée par le coronavirus | Les Echos