
Antoine de Saint-Affrique : « Il est temps pour Danone d’être plus offensif »
Le directeur général de Danone s’enorgueillit des bons résultats affichés par son groupe. Son chiffre d’affaires a progressé de 4,3 % en 2024, porté par la croissance de 3 % de ses ventes en volume.
Danone a vu son chiffre d’affaires progresser de 4,3 % en 2024, grâce à l’augmentation des volumes (+3 %). Une première sur un exercice depuis dix ans. Son résultat net courant augmente de 2,2 % à 3,55 milliards d’euros. Le groupe se dit à l’offensive pour faire des acquisitions et continuer d’investir dans ses marques.
Danone a vu ses ventes et sa rentabilité progresser en 2024. Que retenez-vous de ces résultats ?
C’est le retour du Danone que l’on aime, et c’est le fruit de notre stratégie Renew que nous avons mise en place depuis 2022. Pour créer un business model durable, nous avons réinvesti dans nos marques, notre innovation et nos capacités. Nous nous appuyons sur des progrès continus pour faire la différence sur le long terme. Le but est d’avoir une croissance saine, tout en délivrant une profitabilité qui augmente pas à pas.
L’an dernier, nous avons investi près d’un demi-milliard en publicité, en recherche et développement, et dans l’intelligence artificielle, tout en augmentant régulièrement nos résultats. Nous avons de multiples moteurs de croissance, comme nos yaourts riches en protéines, connus sous la marque Hipro en France, ainsi que notre portefeuille de nutrition spécialisée pour les bébés et pour les adultes. Tous deux continuent de croître à deux chiffres.
Cette capacité à délivrer les résultats, avec discipline, c’est un peu la marque de Danone. Pour la troisième année consécutive nos résultats sont solides, et nous l’avons fait sans prendre de raccourcis, et en investissant pour le long terme.
Cette croissance est liée en majorité aux volumes, et pas à la hausse des prix ?
Nous sommes très satisfaits de notre dynamique volume et prix. Il faut les travailler ensemble. Cette croissance des volumes est une performance significative. Pendant très longtemps, Danone a vu ses volumes reculer. Le quatrième trimestre de 2024 est le sixième trimestre consécutif où ils sont en progression, après une dizaine d’années de déclin.
Quel est le rôle du plan Renew, lancé il y a trois ans, dans cette dynamique ?
La clé du succès, ce sont d’abord les équipes qui se sont reconcentrées sur l’excellence opérationnelle, et ont retrouvé la passion des marques. Nous avons aussi remis la recherche, et donc la différenciation de nos produits, au coeur de notre activité.
Nous sommes attachés à soutenir la rémunération des éleveurs.
Nous avons à la fois une vision extrêmement claire sur notre trajectoire d’avenir, et c’est ce que nous avons annoncé avec Renew, et en plus une direction stratégique et un modèle opérationnel. Nous travaillons aussi sur la productivité. Mais le coeur du grand Danone, c’est l’innovation, la recherche, ce sont des marques qui parlent aux consommateurs, et c’est une exécution de terrain.
Quelles sont les priorités du groupe pour 2025 ?
Nous sommes convaincus que l’industrie est à un point de bascule. Parce que nous sommes un groupe centré sur la santé par l’alimentation, ancré dans la science, et focalisé sur le consommateur et les patients, nous avons un rôle majeur à jouer. Nous avons été pionniers sur le microbiote et la santé de l’intestin. Les protéines et l’hydratation deviennent des enjeux essentiels. Avec le vieillissement de la population, ce qu’on fait en matière de nutrition médicale nous donne une position forte. Nous le voyons d’ailleurs dans les taux de croissance de ces catégories, qui sont plus rapides que ceux de l’agroalimentaire.
Notre première priorité, c’est de continuer à jouer notre rôle de leader et d’innovateur dans nos catégories. La deuxième, c’est de garder la discipline que nous avons instaurée et qui nous permet d’être performant. Et la troisième, c’est que nous serons beaucoup plus ambitieux en matière d’acquisition. Nous avons mené ces trois dernières années un travail de fond d’ajustement du portefeuille. Il est temps pour nous d’être plus offensifs. Le fait d’avoir délivré de manière rigoureuse de bons résultats ces trois dernières années, d’être désendetté, avec des liquidités, nous donne les moyens, mais aussi la crédibilité pour le faire.
Le Salon de l’agriculture a lieu en ce moment. Vos relations se passent bien avec les éleveurs laitiers ?
Nous avons passé, avec le directeur financier, Juergen Esser, la journée de lundi au Salon. Danone travaille au total avec 2.000 agriculteurs, dont 1.200 éleveurs. Ces trois dernières années, nous avons augmenté le prix du lait de plus de 30 %, et notre collecte progresse. Nous sommes attachés à soutenir la rémunération des éleveurs. Le groupe a été pionnier dans les rapports avec les éleveurs. Nous avons été les premiers à leur donner une visibilité au travers de contrats long terme et avec des ajustements réguliers, en prenant en compte leurs coûts de production.
Danone rémunère également le passage à une agriculture régénératrice, et encourage le renouvellement des générations, en finançant une partie des intérêts d’emprunt de ceux qui s’installent, en leur trouvant des remplaçants pour les vacances. Nous avons des relations de très long terme, des relations profondes et constructives. C’est une fierté de travailler avec cette filière. Il n’y a pas d’alimentation sans agriculteur. Il n’y a pas de souveraineté alimentaire sans une agriculture forte.
Par Dominique Chapuis – A retrouver en cliquant sur Source
Source : https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/antoine-de-saint-affrique-il-est-temps-pour-danone-detre-plus-offensif-2150996