
Anton Soulier table sur l’e-restauration
Passé par KPMG, puis par une première expérience entrepreneuriale non concluante dans les compotes bio, Anton Soulier a créé Taster, à qui l’on doit des enseignes de restauration à emporter, parmi lesquelles Peppe Chicken et Pasta Dreams, soit 120 franchisés en Europe à ce jour.
Après la France, la Grande-Bretagne et l’Espagne, Anton Soulier entend croquer des parts de marché aux Pays-Bas. Ce lundi 30 janvier, sa start-up d’e-restauration Taster ouvre sa première franchise à Amsterdam. « D’autres villes devraient suivre rapidement, car, en Hollande aussi, il y a de l’appétit pour notre modèle », assure le Français qui habite à Londres depuis dix ans.
A 36 ans, cet ancien consultant en fusion-acquisition taille des croupières aux poids lourds du fast-food, en s’octroyant la septième place sur le marché de la livraison en France, derrière McDonald’s, Burger King, KFC et consorts. Sa recette ? Nouer des partenariats avec des toques en vogue et des personnalités de la gastronomie, pour créer des enseignes de cuisine asiatique, de poulet frit et autres burgers.
Des pâtes avec Jamie Oliver
La dernière en date, Pasta Dreams, mise sur les rails à l’automne dernier, est née d’une collaboration avec le très médiatique chef britannique Jamie Oliver. Ciblant les amateurs de pâtes et de saveurs d’Italie, elle porte à six le nombre de marques lancées par Anton Soulier en moins de cinq ans : Mission Saigon, Out Fry, A. Burger, Peppe Chicken et Saucy Bun. Résultat : Taster compte aujourd’hui 120 franchisés en Europe, et une centaine de salariés répartis entre Londres, Paris et Madrid.
Celui qui a misé sur la livraison, avant que celle-ci n’explose lors du premier confinement, grâce aux plateformes de type Uber Eat et Deliveroo (dont il a été le directeur général adjoint en France), dit vouloir mettre l’accent sur la vente à emporter. « C’est compliqué d’être bon partout. Or, notre ambition est de garantir une expérience gustative, pas de devenir une plateforme logistique », résume cet aficionado de bons petits plats… qui a équipé sa cuisine personnelle d’un four à pizza !
Des compotes bio à Londres
Pourtant, c’est dans la finance qu’Anton Soulier s’est découvert alléché par l’alimentation. Natif de Grenoble, élevé à Marseille, cet enfant unique se projette brièvement dans la carrière de météorologue, « par passion pour la météo et la géographie ». Mais, « bien que fils de profs qui ne promouvaient pas particulièrement le business », selon ses termes, ce sont l’économie et l’entrepreneuriat qui l’attirent.
Ainsi, après Neoma Business School et un Erasmus à Gdansk, en Pologne, il débute chez KPMG. De quoi « apprendre le fonctionnement d’une entreprise et tomber amoureux de la food lors d’une mission pour Danone », raconte le père de deux enfants. Il se pique donc de traverser la Manche pour convertir le marché anglais aux compotes bio. Las ! Nuée Dessert, l’entreprise qu’il a fondée à Londres en 2013, ne porte pas ses fruits.
50 millions d’euros levés
Dans la foulée, l’amateur de surf rejoint Deliveroo, qui se lance à peine, avec une équipe d’une dizaine de personnes. « Je faisais du porte-à-porte pour convaincre les restaurateurs londoniens de rejoindre la plateforme », se souvient celui qui développera ensuite Deliveroo en France, se hissant à la direction générale. Pas suffisant face à « la fibre entrepreneuriale qui le démange ». D’où Taster qui, depuis son lancement en 2017, a levé 50 millions d’euros.
Parmi ses investisseurs, le serial entrepreneur Marc Menasé, à qui l’on doit Epicery, le décrit comme « un visionnaire qui est aussi un diable d’exécution ». « Il est structuré, concentré, décidé… bref, il a tout d’un bon entrepreneur », dit-il. L’intéressé, lui, se dit « ambitieux et exigeant ». « Avec un côté parfois obtus », glisse son épouse, Séverine Raymond-Soulier, directrice Europe de la start-up Symphony.
Pour l’heure, Anton Soulier se concentre sur plusieurs chantiers : développer Pasta Dream, accélérer dans le click & collect et poursuivre l’expansion de son réseau de franchise, notamment dans les villes de taille moyenne. « On ne va pas s’ennuyer », convient celui qui ne s’interdit pas de partir un jour à la conquête des marchés américains et asiatiques.
Par Julie Le Bolzer – A retrouver en cliquant sur Source