Entre 2019 et 2024, les coûts d’achat de café de Lavazza sont passés de 600 millions à 1,6 milliard d’euros.

Après trois ans de flambée des prix du café, Lavazza veut croire à une accalmie en 2026

Entre 2019 et 2024, les coûts d’achat de café de Lavazza sont passés de 600 millions à 1,6 milliard d’euros. monticellllo/stock.adobe.com

Depuis 2023, les cours de l’arabica, l’espèce la plus noble, ont presque doublé et ceux du robuste ont flambé de 270%. Pour encaisser le choc, le groupe italien a mis en œuvre une chasse aux coûts tout en poursuivant ses investissements dans l’innovation.

«Nous espérons que cela va jeter de l’eau froide sur les braises.» À l’aube de l’hiver brésilien qui sera crucial pour les prochaines récoltes de café, Giuseppe Lavazza, le patron du géant italien du café du même nom, croise les doigts. Alors que le premier pays producteur mondial de café (35% de la production) n’est à ce stade pas touché par des aléas climatiques cette année, la récolte se profile sous des auspices normaux, pour la première fois depuis 2022. «Nous attendons une récolte énorme, qui permettra un meilleur équilibre entre l’offre et la demande», ajoute dans un sourire le dirigeant de l’entreprise familiale, qui réalise 3,35 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

Depuis trois ans, le groupe, comme ses concurrents, doit composer avec des prix mondiaux du café qui ont explosé. Depuis 2023, les cours de l’arabica, l’espèce la plus noble, ont ainsi presque doublé. Et sur la même période, ceux du robuste ont flambé de 270%. C’est le résultat des enchaînements d’épisode climatiques défavorables dans les grands pays producteurs (Brésil, Vietnam…). Ceux-ci ont raréfié les quantités mondiales disponibles. C’est aussi à cause de dérives spéculatives liées au poids croissant de nouveaux intervenants qui font désormais davantage la loi sur le marché.

Hausses concentrées sur certaines catégories

Le choc a été particulièrement violent pour Lavazza. Entre 2019 et 2024, les coûts d’achat de sa matière première principale sont passés de 600 millions à 1,6 milliard d’euros. Pour encaisser le coup, le groupe, connu pour ses marques Lavazza et Carte Noire, s’est longtemps astreint à prendre sur ses marges en limitant ses hausses tarifaires. Ce qu’il avait fait en 2022 et 2024, pour préserver ses consommateurs notamment en grandes surfaces (80% de son activité). Mais face à cette «tempête inédite», selon le dirigeant, il a dû se résoudre à davantage répercuter ses hausses de coûts dans ses tarifs, en les concentrant sur certains segments moins valorisés, comme le café moulu. «Nous avons essayé de préserver les cafés en portion et en grains, des segments porteurs», détaille Pietro Mazza, le patron de la filiale française du groupe (12% du chiffre d’affaires).

La violence et la durée du choc l’ont aussi contraint à chercher des sources d’économies à tous les niveaux. Le torréfacteur a ainsi réduit de huit à quatre mois ses niveaux de stocks de café disponibles, pour préserver sa trésorerie. Tout en poursuivant ses investissements dans l’innovation. Cette stratégie tarifaire n’a pas été sans conséquences sur ses volumes, «en baisse l’an dernier, détaille Giuseppe Lavazza. Mais cette crise nous a obligés à changer de paradigme. Là où Lavazza a toujours une stratégie de volumes à tout prix, nous cherchons aussi désormais à préserver notre rentabilité, en réfléchissant aussi davantage en termes de valeur.»

La stratégie s’est révélée payante. Malgré des hausses de prix constatées en France autour de 50% sur les références de base de café moulu, son chiffre d’affaires n’a progressé que de 9,1%, traduisant ces baisses de volumes. Mais Lavazza a réussi le tour de force de faire progresser de plus de 18% son excédent brut d’exploitation (Ebitda) en 2024, et de 20% son bénéfice net, à 82 millions d’euros. «Nous n’avons pas encore atteint nos niveaux de rentabilité de 2019, mais nous tenons notre objectif de préserver notre rentabilité», ajoute le PDG.

Volumes en berne

Lavazza n’est pas le seul torréfacteur à avoir vu ses volumes fléchir sous le poids de l’environnement inflationniste. En France, la consommation de café en volumes a très bien résisté (+0,9% l’an dernier), mais au niveau mondial, ceux-ci ont reculé de 3,5%. Un autre facteur qui sera de nature à faire baisser la surchauffe selon le dirigeant: «cela devrait aider à baisser la pression sur les cours, ce qui fera de 2025, nous l’espérons, la dernière année de difficultés». D’autant qu’en parallèle des grands pays producteurs comme le Brésil diversifient leur production, par exemple sur le robusta. Avec 30 millions de sacs de robusta attendus cette année, le pays devrait détrôner le Vietnam comme premier producteur de cette espèce de café plus abordable.

S’il se confirmait, ce scénario de marché plus positif devrait aider le plus petit des grands torréfacteurs mondiaux (derrière Nestlé et JDE) à poursuivre ses actions de diversification. Les marchés français et italiens étant freinés par l’inflation, il cherche ainsi des relais de croissance aux États-Unis. Le groupe estime pouvoir plus que doubler son activité sur place d’ici à trois ans, pour atteindre 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires. Pas effrayé par les menaces douanières de Donald Trump, Lavazza va accélérer ses investissements dans son usine à côté de Philadelphie. Le but: servir à 100% ce marché via son usine locale, contre 50% aujourd’hui. «Nous ne nous interdisons pas non plus de nouvelles acquisitions en France», conclut le dirigeant, près de dix ans après le rachat de Carte Noire fin 2015.

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