Bio : la filière relativise la baisse de la consommation

Selon l’Agence Bio qui brosse un panorama complet du secteur, la chute des ventes dans les grandes surfaces est en partie compensée par la poursuite de la croissance des circuits courts et des débouchés vers la restauration. Il n’en reste pas moins que le rythme des conversions des exploitations agricoles est supérieur à celui du marché.

Le vent a tourné pour les produits bio, mais la voile du bateau du bien manger n’est pas totalement dégonflée. Dans les supermarchés et les magasins spécialisés, les ventes ont chuté de 4 % en 2021 après presque une décennie de hausse. La filière reconnaît ce qui ressemble à un désamour.

L’Agence Bio, une série d’interprofessions (Cniel, Cnipt, Cnpo, InterApi, Interbev, Intercéréales, Interfel, Synalaf, Terres Univia) et La Maison de la Bio ont d’ailleurs lancé, avec le soutien du ministère de l’Agriculture, la première campagne d’envergure de promotion du bio avec le slogan « Pour nous et pour la planète, #BioRéflexe ».

Il ne faudrait pas que les consommateurs découragent les agriculteurs de se convertir, comme cela commence à être le cas dans le lait . Dans son bilan annuel, l’Agence Bio relativise la situation. « Le bio tousse », ont reconnu ce vendredi Loïc Guines et Laure Verdeau, respectivement président et directrice de l’Agence Bio. Mais, selon eux, cela n’annonce pas une maladie mortelle. Les professionnels soulignent que la baisse de la consommation du bio est parallèle à la baisse générale des dépenses en produits alimentaires survenue en 2021 après les pics du Covid. Le bio n’aurait perdu que 1,34 %.

Diversité de circuits

L’autre décentrage de l’analyse pointe le fait que la baisse a été forte en grandes surfaces (-4 % en 2021 après +7,6 % en 2020) mais que les supers et hypermarchés ne vendent que la moitié des produits bio en France, quand ils distribuent au global 70 % de l’alimentation.

« Les chiffres de la grande distribution ne reflètent pas une vision d’ensemble du marché bio car le bio a pour particularité de se vendre dans une grande diversité de circuits », notent les responsables de l’Agence Bio – qui assurent être les seuls à dresser un panorama complet.

Les spécialistes, Biocoop, Naturalia et consorts, occupent un quart du marché (27 %). Leurs ventes ont fléchi d’un peu moins de 2 %. En revanche, la vente directe – à la ferme ou depuis la ferme -, qui représente 11 % du marché, aurait continué de progresser de 8 % en 2021. Une ferme bio sur deux vend en direct sa production, ce qui constitue un parc de 26.000 points de ventes. Les ventes réalisées par les artisans et petits commerçants ont aussi progressé de 7 %.

L’Agence Bio ajoute à cela les achats de la restauration hors domicile qui ont gagné 5 %, en raison notamment de la mise en place progressive de l’obligation pour les cantines d’offrir 20 % d’aliments bio.

Deux millions d’hectares

Au final, la part du bio dans l’alimentation des Français – les ventes de bio ayant moins baissé que celles de l’alimentation en général – a même très légèrement augmenté. Elle était de 6,57 % en 2020. Elle est passée à 6,63 %.

Il n’en reste pas moins que la production bio dans l’Hexagone a connu une nouvelle forte hausse, de 9 %, en 2021. Ce sont 13 % des fermes qui pratiquent la culture biologique, soit 2 millions d’hectares, avec un sommet à 20 % pour la viticulture. L’Agence Bio, qui milite et finance des projets de conversion, note 4 % de sortie du bio mais, selon elle, essentiellement du fait de départs à la retraite.

Les exportations ont gonflé d’un milliard d’euros environ et écoulent donc une partie de la production. Elles ne suffisent pas cependant à combler l’écart entre le rythme de conversion des terres agricoles au bio et celui de la croissance de la consommation.

par Philippe Bertrand – A retrouver en cliquant sur Source

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