
Biocoop vise les 900 magasins
La coopérative défend son titre de leader des spécialistes du bio. Ses dirigeants disent « la » bio pour affirmer leur militantisme face aux grandes enseignes alimentaires qui convoitent ce marché en forte croissance.
La concurrence se durcit dans le bio. Les grandes enseignes alimentaires convoitent ce marché à la croissance à deux chiffres. Auchan, Carrefour, Intermarché, Leclerc et autres Casino multiplient les initiatives . Les rayons, les marques propres et les enseignes spécialisées qu’ils développent n’ébranlent cependant pas le pionnier Biocoop. Pour le premier des spécialistes, l’attaque est la meilleure des défenses et la coopérative part donc à l’offensive tous azimuts.
La campagne a démarré l’an passé avec une nouvelle identité visuelle, à base de bleu, et une campagne de publicité TV. Les résultats suivent. Le chiffre d’affaires a crû de 4 % à périmètre comparable. L’expansion du réseau – 74 magasins de plus – pousse les ventes totales de 11 %, à 1,21 milliard d’euros. L’enseigne compte 560 points de vente. Elle multipliera les ouvertures dans les années à venir et vise les 900 unités. Elle a calibré sa logistique à cette mesure. Trois des quatre entrepôts ont déjà été rénovés et agrandis.
Boucheries et corners
Biocoop fait plus que du commerce. Son président Claude Gruffat s’est inscrit sur la liste d’Europe Ecologie – Les Verts pour les élections européennes. Il a cédé sa place jeudi à son vice-président Pierrick de Ronne. Diplômé en économie, coopérant en Afrique où il a géré un hôpital, au Cameroun, et puis aidé les malades du VIH au Niger, il devient responsable de magasin à Annonay en 2009 où il crée une SCOP qui exploite aujourd’hui trois points de vente. Il poursuit le combat sociétal que son prédécesseur va désormais livrer hors les murs de la coopérative. « Le commerce n’est pour nous qu’un moyen de remplir notre mission : le développement de la bio », affirme-t-il. Il dit « la » bio pour marquer la différence avec les distributeurs de masse qui ne parle que « du » bio.
Le marché des produits biologiques a grimpé de 15 % en 2018. Il a doublé en cinq ans, à plus de 9 milliards d’euros. 71 % des Français consomment du bio tous les mois et 12 % tous les jours, selon l’Agence bio. Le gouvernement veut porter à 15 % la part de la surface agricole utile qui lui est consacrée. Les grandes enseignes mettent la pression sur les fournisseurs. En réponse, Biocoop sera plus sélectif. Pas question pour l’organisation, qui regroupe aussi bien des associations de consommateurs que des groupements de producteurs (3.600 fermes au total), que les exigences baissent en raison de la hausse de la demande. Puristes, les Biocoop ne vendent que des fruits de saison et pas d’eau en bouteille.
Ils préparent l’ouverture à Paris d’ADN. « Anti Déchets Nation » sera un magasin laboratoire, où les clients feront toutes leurs courses sans déchets à force de consigne et d’emballage recyclables. Pour porter leur bonne parole et, encore une fois, ne pas laisser le terrain aux grands distributeurs , les coopérateurs maillent aussi le territoire avec des petits formats : des boulangeries, des boucheries (la première près d’Angers), des petites surfaces satellites des magasins classiques dans les bourgs de campagne, mais aussi des corners susceptibles d’être implantés chez les agriculteurs, les campings, les cinémas, les brûleries, etc. Les promoteurs de « la » bio font flèche de tout bois.
Source : Biocoop vise les 900 magasins