Casino préserve son ancrage dans les stations de ski grâce à son partenariat avec Sherpa
Pour Casino, le renouvellement du partenariat avec Sherpa est clé. Obatala-photography/stock.adobe.com
À l’offensive sur la proximité, le distributeur a renouvelé son contrat d’approvisionnement avec Sherpa, l’enseigne de montagne, pour une période de six ans.
« C’est surtout dans les moments difficiles qu’on se retrouve. Nous nous sommes battus pour continuer à vous approvisionner », se félicite Philippe Palazzi, le directeur général du groupe Casino, aux équipes de la coopérative Sherpa. L’enseigne alimentaire phare des stations de ski, qui pèse 138 millions de chiffre d’affaires, a renouvelé, lundi, un partenariat d’approvisionnement avec le distributeur stéphanois pour une période de six ans. Une marque de confiance réitérée, après plus de quinze ans de collaboration, qui est bienvenue. Et pour cause : à l’offensive sur la proximité, Carrefour était également intéressé mais n’a cette fois pas réussi à récupérer ce contrat, selon un observateur averti.
Rien n’était gagné d’avance pour Casino, en fortes difficultés financières ces dernières années. Depuis sa prise de contrôle par l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky, en mars 2024, le groupe tente par tous les moyens de se redresser. L’an dernier, il a été contraint de se délester de ses super et hypermarchés et d’engager un vaste plan social. Casino a recentré sa stratégie de relance d’ici à 2028 sur la proximité, misant sur ses 7700 points de vente au total et ses marques (Monoprix, Franprix, Casino, Naturalia), qui restent fortes.
Outre le fait de se battre pour conserver son partenariat avec Sherpa, Casino devait aussi continuer de démontrer qu’il pouvait assurer une logistique complexe en montagne. Celle-ci requiert de livrer la marchandise même en périodes de fortes intempéries. Il faut également tenir les délais et adapter rapidement les stocks en fonction des pics d’activité, parfois très intenses durant la période hivernale en pleine saison de ski.
Spécificités de la montagne
L’an dernier, « nous étions en période de restructuration de notre logistique et parallèlement nous avons continué à maintenir le même niveau d’exigence pour Sherpa et pour nos franchisés », insiste Philippe Palazzi. « La restructuration de Casino n’a pas eu d’effet sur notre marché et sur nos clients, renchérit de son côté le président de Sherpa, Olivier Carrié. Nos attentes étaient très fortes, et Casino a su répondre au défi et confirmer son savoir-faire.» Outre une logistique adaptée aux spécificités de la montagne, c’est surtout l’indépendance garantie par ce partenariat qui a convaincu Sherpa de poursuivre l’aventure avec Casino.
« On reste libres sur nos assortiments, sur nos concepts, ou encore concernant les prix de vente en magasin», souligne Astrid Gevaudan, directrice générale de Sherpa. L’an dernier, l’enseigne de montagne a acheté 50 millions d’euros d’achat de produits à Casino. Concrètement, avec cette collaboration, ce dernier approvisionne 70 % de la marchandise dans les 120 magasins Sherpa (Alpes, Pyrénées, Jura), dont 30 % de ses MDD et le reste en marques nationales. Mais pas seulement. « Avec ce partenariat, on essaie aussi de travailler ensemble pour coconstruire les assortiments, l’offre et les promotions », précise Philippe Palazzi.
Une petite victoire face à Carrefour
Pour le distributeur, le renouvellement de ce partenariat est clé car « il matérialise ce que veut être Casino sur la proximité : faire du sur-mesure, avoir de l’exigence, et ce sans jamais perdre de vue la réalité du terrain », insiste Magali Daubinet-Salen, directrice générale des marques Casino, Spar et Vival. C’est aussi une petite victoire face à Carrefour. Ces derniers mois, Casino a perdu deux gros franchisés qui se sont ralliés au groupe dirigé par Alexandre Bompard. Et ce sous la conduite de la directrice en charge de la franchise chez Carrefour, Tina Schuler, qui a exercé pendant douze années au sein du groupe Casino, rappelle un expert du secteur. En janvier dernier, Puig, l’un des plus importants franchisés de Casino, qui détient 92 magasins implantés dans le Sud, en Occitanie, est ainsi parti chez Carrefour. Puis, en avril, ce fut au tour de l’entreprise Magne, également ex-franchisée Casino, de rejoindre le concurrent, intégrant 101 magasins de proximité situés dans le Sud-Est.
Certes, ces contrats de franchise sont différents du partenariat d’approvisionnement conclu avec Sherpa, qui reste indépendant. La franchise est un modèle qui permet d’externaliser les coûts de fonctionnement en confiant l’exploitation de la marque (Casino ou Carrefour) à un franchisé propriétaire du fonds de commerce, en échange du versement de redevances. Mais, au final, l’enjeu de ces collaborations reste similaire : mailler le territoire d’une manière ou d’une autre en ciblant, en particulier, les petits magasins de proximité qui ont le vent en poupe. « Depuis que je suis arrivée à la direction de Casino, nous nous sommes concentrés sur la rentabilité et non pas sur les parts de marché », insiste toutefois Philippe Palazzi.
Par Manon Malhère – A retrouver en cliquant sur Source