Champagne : les grands projets de Nicolas Feuillatte

L’Union de coopératives CVC Nicolas Feuillatte a renoué avec ses meilleurs niveaux de rentabilité en 2021. La fusion avec la coopérative des vins de champagne (CRVC) doit lui permettre d’accélérer son développement avec 35 % d’hectares en plus.

Aucun producteur de champagne n’espérait en 2021 une année aussi exceptionnelle après l’irruption du Covid. Le redémarrage des ventes a été tel que les maisons de champagne ont dû puiser dans leurs vins de réserve pour répondre à la demande. Cela a aussi été le cas pour CVC Nicolas Feuillatte, bien que dépendant à 60 % du marché français, dont la tendance est au déclin depuis des années dans les rayons de la grande distribution.

L’union de coopératives a enregistré des expéditions en hausse de 32 %. « C’est un nouveau record » pour le leader du marché français, souligne le groupe. Le chiffre d’affaires s’est établi à 206,6 millions d’euros, en augmentation de 22 %. Des résultats qui sont largement le fait de Nicolas Feuillatte, qui totalise plus de 97 % de l’activité.

3.000 hectares

L’envolée des ventes a permis à l’entreprise de « renouer avec les meilleurs niveaux de rentabilité en dépassant ses prévisions les plus optimistes ». Le résultat d’exploitation a doublé à 21,3 millions d’euros. Le résultat net lui a triplé à 17,2 millions, atteignant 9,3 % du chiffre d’affaires contre 4,6 % un an avant. Des résultats soutenus par des efforts accrus de communication, avec la relance de la marque Abelé 1757, ainsi qu’une nouvelle organisation commerciale en France.

CVC-Nicolas Feuillatte a consacré une bonne partie du premier semestre à organiser la fusion signée le 31 décembre avec la coopérative CRVC, propriétaire de champagnes Castelnau. « Cette opération présente plusieurs avantages majeurs, dont l’approvisionnement en raisin de 800 hectares supplémentaires (36 %), la mise en commun de savoir faire et une nouvelle stylistique des vins avec la marque Castelnau ».

Le CRVC avait une dette de 55 millions, qu’il a réduite à 43 millions en vendant des stocks. Son chiffre d’affaires était de 53 millions d’euros en 2019, dernier exercice connu.

Le rapprochement n’a pas donné lieu à restructuration. La nouvelle entité baptisée « Terroirs et Vignerons de Champagne », qui représente 9 % du vignoble champenois, a recruté une douzaine de collaborateurs. « Il reste à harmoniser les conditions de travail et des conventions collectives », a indiqué Christophe Juarez, le directeur général.

Plus de Bio

La nouvelle équipe aura de quoi faire pour assurer le développement et la rentabilité de l’union de coopératives. Le prix du raisin en Champagne a augmenté de 30 % en dix ans, tandis que le rendement a reculé d’autant. Le changement climatique est en partie responsable mais pas seulement. « La vigne a vieilli. La moitié des pieds a plus de 50 ans. Nous avons un enjeu de renouvellement, mais les nouveaux cépages, plus résistants, vont rester marginaux pendant des années dans le vignoble champenois », a commenté Christophe Juarez.

Les vignerons ne peuvent plus autant compter sur les intrants du fait des contraintes écologiques, ce qui pèse aussi sur les rendements. Plus du tiers des vignerons de CVC Nicolas Feuillatte revendiquent le label Haute valeur environnementale. Parallèlement, une cinquantaine de vignerons produisent en Bio. Un mouvement qui va se poursuivre, puisque « les conversions continuent ». Le premier champagne Bio Nicolas Feuillatte a été lancé.

Inventer les marques de 2040

Terroirs et Vignerons de Champagne s’est doté d’une division spécifique « marques blanches », à côté des autres divisions, Nicolas Feuillatte, Abelé et Castelnau, 3 millions de bouteilles répondant à des attentes particulières et définies avec le client. « C’est une de nos priorités », précise le groupe coopératif, qui a, dans cet esprit passé un accord avec Marks & Spencer pour leur proposer « un vin à leur mesure ».

Pour les mois à venir, Terroirs et Vignerons de Champagne craint qu’après ce « rebond économique sans précédent », il ne soit « replongé dans les agitations d’un monde tourmenté ». Son ambition n’en est pas moins d’ici à cinq ans d’atteindre un chiffre d’affaires de 300 millions d’euros et une part de marché de 5 %.

Par Marie-Josée Cougard – A retrouver en cliquant sur Source

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