Champagne : Nicolas Feuillatte double Laurent Perrier et Roederer
La coopérative Terroirs & Vignerons de champagne (Nicolas Feuillatte) devient un acteur de premier plan en s’offrant la maison Henriot. Elle gonfle un chiffre d’affaires en forte hausse depuis deux ans et s’émancipe de son image de champagne de grandes surfaces.
Artemis, la société patrimoniale de la famille Pinault, a cédé la maison de champagne Henriot à Nicolas Feuillatte pour un montant non divulgué. (Maison Henriot)
« Les perspectives de développement du luxe dans le monde sont tout simplement extraordinaires et le vin détient le quart de ce marché », savoure Christophe Juarez le directeur général de Terroirs et Vignerons. Une référence à la dernière étude de Bain & Company sur le sujet, qui en dit long sur les ambitions de la coopérative propriétaire des champagnes Nicolas Feuillatte.
Terroirs & Vignerons de champagne (TVC) vient tout juste de finaliser l’acquisition de la maison Henriot cédée par Artemis, la société patrimoniale de la famille Pinault et cela change radicalement sa manière d’envisager l’avenir. Surtout connue pour la marque Nicolas Feuillatte, très majoritairement vendue en grandes surfaces, TVC entend devenir « un acteur de premier plan en Champagne », pour reprendre les mots de Christophe Juarez et s’émanciper de l’image de champagne de grandes et moyennes surfaces (GMS).
Des vignes en propre
Avec la maison Henriot, l’entreprise augmente son chiffre d’affaires de 11 % à 316,6 millions d’euros et passe du sixième au deuxième rang du classement en champagne. Loin derrière LVMH (propriétaire des « Echos ») et ses 2,8 milliards d’euros, mais devant des maisons prestigieuses comme Laurent Perrier et Roederer, dont les chiffres d’affaires respectifs se sont établis à 302 et 300 millions d’euros en 2022.
Henriot a totalisé un chiffre d’affaires de 32,6 millions d’euros en commercialisant près d’un million de bouteilles, dont 64 % à l’exportation en 2022. L’excédent brut d’exploitation s’est établi à 6 millions d’euros, le résultat net à 4 millions, dégageant « deux fois plus de valeur que le groupe Terroirs et Vignerons de Champagne », a indiqué Christophe Juarez. La maison de champagne apporte 29 crus et trois hectares de vigne en propre. Une contribution d’autant plus précieuse que Terroirs et Vignerons de champagne n’était jusqu’à présent pas propriétaire foncier. Une demeure de réception du XVIIIe siècle, entièrement rénovée et dotée d’un pressoir du XVIe siècle située aux Aulnois près d’Epernay (Marne), permettra d’accueillir les clients.
Internationalisation
L’objectif de Christophe Juarez est « d’accélérer la montée en gamme ». Un processus que le groupe a déjà entamé en s’offrant les champagnes Abelé en 2019 et en se rapprochant de Castelnau en 2021. Abelé avait ouvert des portes à l’international et des restaurants étoilés à TVC. Réputé pour son vieillissement en cave, Castelnau avait élargi l’accès à la restauration et à l’hôtellerie (CHR) et partiellement allégé la dépendance à l’égard de la grande distribution.
Aujourd’hui la priorité est de « nous construire sur le marché mondial », dit encore Christophe Juarez. Notamment aux Etats-Unis, où Henriot avait son équipe de commerciaux dédiés, mais aussi au Japon, où cette maison doublement séculaire va donner un nouveau coup d’accélérateur aux ventes grâce à son accord de distribution avec le groupe Suntory.
Un bureau commercial a été ouvert sur l’archipel nippon et une personne spécifiquement dédiée à la marque Nicolas Feuillatte est en cours de recrutement. L’organisation nouvelle au Japon va permettre de « distiller la culture du luxe dans le groupe Terroirs & Vignerons ». Au total, Christophe Juarez estime que l’acquisition de Henriot sera « un formidable gain de temps » et que « TVC gagnera ainsi cinq ans sur ses ambitions de développement ».
Par Marie-Josée Cougard – A retrouver en cliquant sur Source
