Club Med : comment le chinois Fosun veut ouvrir le capital 

Henri Giscard d’Estaing, le président de l’emblématique groupe de villages vacances, ouvre la porte à l’entrée d’un investisseur minoritaire à hauteur de 20 à 30 %, selon plusieurs sources. Une valorisation d’environ 2 milliards est espérée et Bpifrance étudierait le dossier.

Huit ans après sa prise de contrôle par le chinois Fosun, à l’issue d’une terrible bataille boursière , Club Med pourrait voir entrer de nouveaux actionnaires. Une cession minoritaire du capital par le conglomérat privé « pourrait être envisagée », avait indiqué début septembre son président, Henri Giscard d’Estaing, auprès de l’AFP. Jusqu’à présent le dirigeant aux commandes depuis plus de vingt ans n’évoquait qu’« une option » .

Selon nos informations, le projet qui avance porte sur 20 à 30 % du capital du groupe. Sur la base d’une valorisation attendue qui pourrait atteindre environ 2 milliards d’euros, selon un proche du dossier, le ticket d’entrée dans la marque emblématique de villages vacances serait compris entre 400 et 600 millions d’euros.

Fosun resterait aux commandes

Henri Giscard d’Estaing écarte toute vente forcée, même si Fosun, plombé par sa dette, s’est lancé dans le démantèlement de pans de son empire. « Fosun a vocation à rester l’actionnaire majoritaire du Club Med », dit-il. Convaincre un investisseur de bloquer plusieurs centaines de millions d’euros en minoritaire sans droit sur la gouvernance au côté de Fosun est cependant complexe.

« L’intérêt est de mettre un pied dans la porte en vue d’une évolution future du capital », indique un connaisseur du dossier. Même si ce n’est pas forcément lié, ces réflexions interviennent alors que le management du groupe peut céder ses titres à l’été 2024, selon des sources. Un mécanisme qui avait été mis en place au lendemain de l’OPA en 2015.

Avec l’entrée d’un actionnaire minoritaire, Henri Giscard d’Estaing explique, lui, aujourd’hui, pouvoir éventuellement « renforcer le potentiel de développement et de croissance du Club Med ».

Alliance avec un fonds étranger

Selon nos informations, Bpifrance, via son fonds tourisme, regarderait le dossier avec attention. L’examen serait encore à un stade préliminaire.

La banque publique pourrait s’associer à un fonds étranger, dont le nom n’a pas filtré. Dans son histoire, le Club Med s’est presque toujours attaché à nouer des partenariats avec les acteurs des marchés qu’il convoitait. Or, le développement géographique du groupe devrait passer par l’Asie du Sud-Est… et le Moyen-Orient.

Bpifrance est notamment connu pour sa proximité avec le fonds d’Abu Dhabi Mubadala. Ensemble, ils ont investi dans Looping , qui exploite 18 parcs et aquariums en Europe et qu’ils viennent de revendre.

Bpifrance est aussi proche du fonds américain Certares spécialisé dans le tourisme, avec qui il est investi dans le groupe de tour-operating et d’agences de voyages Marietton.

Ce dernier n’a jamais vraiment caché son intérêt pour la marque emblématique de villages vacances, mais aucune discussion ne serait engagée à ce stade. Et il n’est pas certain qu’il veuille intégrer le capital du Club Med dans la configuration actuelle avec un partenaire chinois majoritaire. Contactés, ni Bpifrance, ni Certares, ni le Club Med n’ont souhaité faire de commentaire.

Calendrier favorable

Le calendrier pourrait en tout cas être favorable à une opération, au moment où le groupe semble tirer les bénéfices de sa transformation, entamée il y a une vingtaine d’années. Porté par la bonne dynamique du tourisme, mais aussi par sa stratégie de montée en gamme, il a récemment fait part d’un premier semestre record, avec un volume d’affaires dépassant pour la première fois le milliard d’euros (1,06 milliard) et un résultat opérationnel de 159 millions. Sur l’ensemble de l’année 2022, marquée par un net rebond au second semestre, son volume d’affaires avait atteint 1,7 milliard, pour un résultat opérationnel de 98 millions.

Après les Amériques et l’Europe, le redressement de son activité en Asie devrait lui permettre de tourner définitivement la page de la crise sanitaire. Et d’engager une nouvelle phase de son développement, en poursuivant son expansion géographique d’une part, et en misant sur la destination montagne d’autre part. Alors qu’il compte déjà 66 resorts, le Club Med entend en ouvrir 17 supplémentaires d’ici à 2025.

Par Anne Drif et Yann Duvert – A retrouver en cliquant sur Source

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