Comment le whisky est devenu le nouveau cheval de bataille de Pernod Ricard 

Le whisky totalise désormais 45 % du chiffre d’affaires de Pernod Ricard. Le groupe français, qui nourrit de grandes ambitions sur ce créneau, continue d’investir lourdement dans de nouvelles distilleries.

Pernod Ricard a l'ambition de doubler la production de whisky irlandais Jameson de 10 à 20 millions de caisses.
Pernod Ricard a l’ambition de doubler la production de whisky irlandais Jameson de 10 à 20 millions de caisses. (Bloomberg)

Paul Ricard avait-il pensé en créant son groupe qu’il vendrait un jour plus de whisky que du « petit jaune » qu’il a inventé et qui a fait sa fortune ? C’est pourtant la nouvelle réalité de Pernod Ricard, une entreprise qui s’est considérablement internationalisée au fil du temps, à coups d’acquisitions et de doublements successifs de son chiffre d’affaires et dont l’essentiel de l’activité est désormais tiré par cet alcool brun.

Pernod Ricard se targue désormais de détenir un portefeuille riche de 50 marques de whiskies en tous genres, des scotchs au bourbon en passant par une multitude de crafts, dont un américain qui a mêlé ses arômes à ceux de l’arachide….

Le roi du monde

Spiritueux le plus vendu dans le monde, pesant 38 % du chiffre d’affaires total de l’industrie et 32 % des volumes, le whisky est même devenu, au fil du temps, le premier alcool de l’entreprise tricolore. Au total, cet alcool pèse aujourd’hui 45 % du chiffre d’affaires du numéro deux mondial des vins et spiritueux, précise Alexandre Ricard. A eux seuls, ces alcools d’origine irlandaise, écossaise ou américaine ont représenté un tiers de la croissance enregistrée sur l’exercice 2022-2023 par l’entreprise qui distribue même en Europe un whisky japonais de son partenaire Kirin.

Dans ce décor, Pernod Ricard vise encore plus grand sur le whisky. L’entreprise a en tête de développer ses capacités de production en la matière un peu partout dans le monde. C’est dans cet esprit qu’elle a construit la toute première distillerie de whisky en Chine sous le nom de « The Chuan », moyennant un investissement de 150 millions d’euros . Celle-ci est entrée en production en 2021 après un chantier de cinq ans dans la province du Sichuan à Emei Shan. The Chuan dispose d’une capacité de 1 à 1,5 million de litres d’alcool pur.

Investissements en hausse

Dans ce métier de cycle long où il faut accepter d’investir massivement dans des stocks devant souvent vieillir plus de dix ans, Pernod Ricard a également des ambitions pour son champion, la marque irlandaise Jameson. En 2011-2012, le groupe avait investi pour doubler la capacité qui a atteint les 9 millions de caisses en 2020. L’ambition est de doubler à nouveau pour atteindre les 20 millions de caisses grâce à la construction d’une nouvelle distillerie à Midleton, non loin de Cork. L’investissement est de 250 millions d’euros. Dans le Kentucky, où il élabore du bourbon, il a également annoncé la construction d’une nouvelle distillerie pour un investissement équivalent de 250 millions d’euros. En Ecosse, il a prévu de « renforcer le portefeuille de whisky ».

En Inde, enfin, l’entreprise française fait déjà réalisé des scores importants cette année grâce à ses marques locales Royal Stag, Imperial Blue et Blenders Pride. Elle y totalise une production impressionnante avec 45 millions de caisses.

Les investissements industriels destinés à augmenter les capacités de production du groupe, tous alcools confondus, pourraient quasiment doubler sur l’exercice en cours pour atteindre 1 milliard d’euros, indique Hélène de Tissot, la directrice financière. L’investissement dans la production est ainsi passé en quelques années de 4 % à 6 % d’un chiffre d’affaires en croissance et devrait continuer de progresser. Et une part très importante de cet effort est destinée à renforcer la branche whisky.

Par Marie-Josée Cougard – A retrouver en cliquant sur Source

Source : Comment le whisky est devenu le nouveau cheval de bataille de Pernod Ricard