Cora : Carrefour s’offre l’un des derniers des distributeurs régionaux 

Carrefour met la main sur une soixantaine d’hypers et plus de 110 supermarchés avec l’acquisition de Cora. Surtout, le géant de la distribution met le grappin sur le dernier des distributeurs régionaux, très implanté dans le Grand Est, et dont le fondateur, André Bourriez, a fait partie des grands noms du secteur aux côtés des Fournier, Defforey, Leclerc.

Avec ses 60 hypermarchés, dont la surface moyenne est de 8.500 m2, et autant de drives, l'enseigne est très largement implantée dans la région Grand Est.
Avec ses 60 hypermarchés, dont la surface moyenne est de 8.500 m2, et autant de drives, l’enseigne est très largement implantée dans la région Grand Est. (Shutterstock)

Le plus grand des petits et le plus petit des gros distributeurs. C’est à cette jonction que se situe Cora, l’enseigne de distribution propriété du groupe Louis Delhaize (Cora, Match, Truffaut, Houra.fr, etc.), et sur laquelle le géant du secteur Carrefour vient de mettre la main. Surtout, Cora est l’un des derniers distributeurs régionaux.

Avec sa soixante d’hypermarchés, dont la surface moyenne est de 8.500 m2, et autant de drives, l’enseigne est très largement implantée dans la région Grand Est, qui compte 27 hypermarchés. Mais aussi dans les Hauts-de-France (10 hypers) et en Ile-de-France (hypers), où elle a ouvert son premier hypermarché, à Garges-lès-Gonesse (Val-d’Oise).

Un siècle et demi d’histoire

L’histoire de Cora, ou plutôt celle du groupe à l’origine de l’enseigne, remonte, elle, à près d’un siècle. Louis Delhaize est le fils de Jacques Delhaize, un négociant en vin de Charleroi, en Belgique, souvent présenté comme l’inventeur présumé du succursalisme, à savoir des points de vente livrés par un entrepôt central. En 1875, Louis crée sa propre entreprise de distribution à l’origine du groupe actuel.

Ses descendants, Georges et René Delhaize s’installent au début du XXe siècle dans le nord de la France. Ils créent les Docks du Nord, à Lille (Nord), et achètent Sanal, à Nancy (Meurthe-et-Moselle), et Sadal, à Strasbourg (Bas-Rhin). L’ancrage régional et familial de la future enseigne Cora est déjà là.

Mais il faudra attendre 1965 pour qu’André Bouriez, l’un des neveux des frères Delhaize, rapproche toutes ces activités. Son nom sera dès lors lié aux autres figures de l’essor de la grande distribution que sont Marcel Fournier, Denis et Jacques Defforey, les fondateurs de Carrefour ou encore Edouard Leclerc.

Forte autonomie

Il crée le premier hypermarché Cora en 1969. De 1970 à 1975, dix autres hypers sont lancés, puis au cours des dix années suivantes, le groupe en ouvre un tous les six mois avec une forte autonomie laissée aux directeurs de chaque magasin.

« Ainsi, chacun peut lancer des tests et des initiatives qui sont adaptés à sa clientèle locale », affirmait le directeur général de Cora France, Ludovic Châtelais, en 2021 dans un entretien au magazine spécialisé « LSA »

A l’instar de ses confrères de la grande distribution, Cora développe ses marques distributeur comme Cora Dégustation, l’Âme du Terroir ou encore Nature bio… En 1995, l’enseigne lance ses griffes dans le non-alimentaire : Verciel (jardinage) Optim’alp (vélos), Domeos (électroménager) Influx (textile).

Chute des revenus

Mais face à la concurrence des géants de la distribution, le petit poucet régional ne semble pas faire le poids. En dix ans, le chiffre d’affaires de l’enseigne a chuté de près de 20 %. La soixantaine d’hypermarchés Cora et les 113 supermarchés Match, également concernés par la reprise de Carrefour, affiche un revenu « hors taxe de 5,2 milliards d’euros en 2023 », contre 3,85 milliards d’euros pour les seuls hypers en 2020, et même 4,7 milliards en 2016.

En avril 2023, Cora s’est séparé de ses 10 hypermarchés et 8 magasins de proximité Cora Urban en Roumanie. Avec déjà pour repreneur… Carrefour.

Par Enrique Moreira – A retrouver en cliquant sur Source

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