Coronavirus: la machine à café d’entreprise est menacée de disparition
Avec le confinement, l’activité des gestionnaires de distributeurs de café et de boissons a fondu de plus de 80%. Et l’après-confinement les inquiète car les entreprises préfèrent les mettre hors service pour éviter qu’elles deviennent des foyers d’infection.
Y aura-t-il des machines à café et des distributeurs de boissons pour le retour au travail le 11 mai? Durement touchés par le confinement et la désertion des entreprises et des lieux publics par les salariés, les entreprises gestionnaires des distributeurs sont très en colère.
« On a déjà perdu 80 à 100% de notre activité avec le confinement et là il y a cette petite musique qui monte et qui dit que les distributeurs ne doivent pas rouvrir, c’est une honte, s’alarme Pierre Albrieux, le président de la Navsa, la fédération de la distribution automatique. Les employeurs ont tellement la trouille qu’ils débranchent les machines. Ce matin, des employés sont arrivés dans une entreprise pour recharger, ils avaient emmailloté les machines dans du films de plastique noir. »
La profession qui emploie quelque 15.000 personnes et réalise un chiffre d’affaires annuel de 3 milliards d’euros assure pourtant que rien n’interdit l’usage des distributeurs sur le lieu de travail. « Regardez le décret sur les activité autorisées, nos machines en font bien partie », s’agace Pierre Albrieux.
Pourquoi dès lors condamner ces machines si leur usage n’est pas interdit? D’abord pour rassurer les salariés qui vont revenir au travail le 11 mai prochain, mais aussi pour appliquer les recommandations du gouvernement. Le 20 avril dernier, le site du ministère du Travail a mis en ligne des fiches de recommandations et conseils par secteur d’activité. Et dans la fiche « gestion des locaux communs et vestiaires » sur les problématiques communes à tous les métiers, le ministère recommande d’une part de « condamner les fontaines à eau à commande manuelle ». Concernant les distributeurs en tous genre, la fiche conseille « un plan de nettoyage/désinfection périodique 2 fois minimum par jour. »
Des recommandations simples qui n’ont pas force de loi mais qui seront laissées à la libre appréciation du juge. « Comme pour le droit de retrait, c’est la justice qui va trancher en cas de litige, explique Xavier Dulin, avocat spécialisé en droit du travail au sein du cabinet Barthélémy avocats. Le conseil que je donne aux entreprises pour ne pas prendre de risque c’est de prévoir du scotch de couleur pour le marquage au sol dans les pièces où se situent les distributeurs. » Le risque étant que les machines ne soient pas nettoyées assez fréquemment et qu’elles constituent des lieux de rassemblement où la distanciation sociale ne serait plus respectée.
Ce que contestent les gestionnaires de distribution qui menacent les entreprises d’une éventuelle action collective.
« Cette action on la mènera si cette folie continue, si on nous empêche d’accéder aux machines qui sont souvent le seul point de restauration dans l’entreprise alors que les cantines sont fermées », prévient Pierre Albrieux.
En attendant, les gestionnaires d’automates assurent qu’ils ne restent pas les bras croisés. Façades des machines désinfectées avec des virucides alcoolisés, techniciens masqués et avec visières pour certains avec interdiction de s’approcher à moins d’un mètre durant l’intervention, pose d’affiches rappelant aux salariés les gestes barrière ou encore l’obligation d’utiliser les gobelets et non des mugs…
« Dans les pièces petites, nous pourrons aussi vaporiser du virucide si les entreprises le souhaitent », indique Pierre Albrieux. Ce sont en revanche les entreprises qui devront au procéder au nettoyage plusieurs fois par jour, notamment des touches et des boutons. C’est peut-être cette impossibilité d’assurer une hygiène optimale qui en poussera certaines à condamner les machines…
Article de Frédéric BIANCHI – A retrouver en cliquant sur Source