L’ex-SNCM renoue avec la croissance et les bénéfices. Elle affrétera cet été un nouveau bâtiment entre Marseille, la Sardaigne et les pays du Maghreb.

Deux ans après sa création sur les ruines de la SNCM, Corsica Linea va affréter un nouveau bâtiment. Le contrat a été signé avec l’armateur Grimaldi Lines pour une longue durée de cinq ans. Il porte sur la location d’un cargo mixte construit en 1999 transportant des camions de marchandises avec des passagers et leurs véhicules d’une capacité de 2500 mètres linéaires de fret et de 800 places. Avec ce bâtiment équipé d’un système de lavage des fumées, la flotte du co-délégataire de service public de la continuité maritime entre la Corse et le continent compte à présent sept unités.

Maghreb

« Nos efforts pour remettre le client au coeur de notre organisation payent et la confiance revient », se réjouit Pierre-Antoine Villanova, directeur général, pour justifier cet investissement. L’an passé, ses navires ont accueilli 100.000 passagers de plus (568.000 au total) et 200.000 mètres linéaires de remorques supplémentaires (1,1 million au total), portant à 50 % sa part de marché sur le fret et quasiment 15 % sur le transport de personnes.

Avec son nouveau navire qui sera opérationnel mi-juin, Corsica Linea veut renforcer ses positions sur d’autres routes, entre Marseille, la Sardaigne, Tunis et Alger. Déjà 200.000 passagers circulent vers les pays du Maghreb à bord des navires rouges et selon Pierre-Antoine Villanova, « la Méditerranée offre encore de belles perspectives de croissance ».

Confort

Pour séduire ses clients, Corsica Linea a d’abord revu le confort de ses navires, investissant 23 millions d’euros par an dans l’entretien de la flotte, là où le précédent propriétaire n’en dépensait que 15. Mais c’est surtout sur les services que les efforts ont porté. Comme les compagnies aériennes, l’armateur dispose maintenant de son programme de fidélité Linea Club permettant de collectionner des points sur chaque traversée qui peuvent être échangés contre des réductions à bord ou sur les billets, en attendant la constitution d’un réseau de partenaires (loueurs, hôtels…). En seulement trois mois, 6.600 personnes ont adhéré, et Pierre Mainguy, directeur commercial, a mesuré « un triplement du taux de fidélité ». L’offre de cartes d’abonnement a également été dopée : en réduisant son coût de moitié, le nombre de souscripteurs a doublé depuis le début de l’année. Enfin, la compagnie s’est lancée dans l’événementiel avec une offre Cap Affaires qui accueille des séminaires et des opérations spéciales comme l’organisation à bord d’un défilé de mode. Objectif : augmenter le taux de remplissage en moyenne et basse saison, la seule marge de progression de la compagnie face à son concurrent Corsica Ferries.

« Avec la flotte actuelle, Corsica Linea peut atteindre 220 millions d’euros de chiffre d’affaires », calcule Pierre-Antoine Villanova. Il en a réalisé 200 l’an passé contre 170 en 2016 et dégagé 10 millions d’euros de résultat net (contre 2,5 en 2016). De quoi se présenter sous son meilleur jour pour candidater à la future DSP dont les contours pourraient être connus cet été.