Covid : ces secteurs qui ne seront plus jamais comme avant

COVID, UN AN DEJA Qu’ils aient été les sacrifiés de la pandémie de Covid-19, comme la restauration, l’événementiel ou l’économie de la culture, ou qu’ils soient confrontés à des bouleversements qui vont bien au-delà de la crise sanitaire, comme l’énergie, pour ceux-là rien ne sera plus comme avant. Petit tour d’horizon, forcément partiel.

Il y a un an tout juste, la France se confinait afin de tenter d’endiguer la première vague de l’épidémie de Covid-19. La crise sanitaire, d’une dimension mondiale, aura frappé avec plus ou moins d’intensité tous les secteurs de l’économie. Au point d’évoquer, pour de nombreux observateurs, le monde d’après. Si la pandémie laissera d’abord un lourd bilan humain, elle aura aussi bouleversé nombre d’activités qui, pour certaines, n’en sortiront plus jamais comme avant. En voici quelques exemples.

Les pétroliers européens accélèrent leur transition

Les compagnies pétrolières européennes avaient déjà engagé une transformation, se développant dans la production et la distribution d’électricité. En particulier d’électricité d’origine éolienne et solaire. L’année 2020 a donné un formidable coup d’accélérateur à cette transition. Face à l’effondrement des cours du pétrole, BP, Total , Shell et d’autres ont relevé leurs ambitions l’un après l’autre l’an dernier.

Alors que la demande de pétrole voit sa progression ralentir, les renouvelables sont un relais de croissance pour les majors de l’or noir, qui plus est nettement mieux valorisé par les marchés financiers . Les compagnies pétrolières ont les poches profondes et elles veulent rivaliser avec les énergéticiens plus avancés dans les renouvelables comme l’espagnol Iberdrola, l’italien Enel ou les français Engie et EDF. Total vise des capacités de production solaire et éolienne de 35 gigawatts en 2025, ce qui représente une multiplication par cinq en cinq ans. Les marchés ciblés en priorité sont l’Inde , la France, l’Espagne et les Etats-Unis.

Le pétrolier français prévoit de tirer un cash-flow de 1,5 milliard de dollars par an des renouvelables à cet horizon, à comparer à un cash-flow total de près de 15 milliards aujourd’hui. La part des renouvelables sera donc encore très minoritaire, mais les montants commenceront à être significatifs. « C’est important car cela démontre que participer à la transition énergétique et offrir un retour sur investissement aux actionnaires ne sont pas des objectifs antagonistes », observent les analystes de Barclays. Au-delà de l’électricité renouvelable, Total veut aussi être un acteur de l’hydrogène et de la capture de CO2 .

Culture : la fin du gigantisme

Les grands musées resteront marqués par la crise sanitaire. Le président du Louvre, Jean-Luc Martinez , n’a pas caché qu’elle remettait en cause son modèle économique fondé sur le tourisme de masse, avec 10 millions de visiteurs par an avant la pandémie. « On va passer d’un Louvre au budget de 240 millions d’euros avec 2.300 salariés à un cycle déflationniste », confiait-il récemment au « Point ». Le patron du plus grand musée au monde reconnaît que la question du format des expositions va se poser, tout comme celle de faire voyager de nombreuses oeuvres. « 450 toiles de Boucher au Grand Palais, ça, c’est définitivement fini. Ce n’était déjà pas viable dans les années 1980. Maintenant, c’est impossible, économiquement et matériellement », observait-il.

Du côté des grands festivals et concerts internationaux, l’appétit des fans reste intact à en juger par les gros événements mis en vente pour août prochain en Angleterre, complets avant même de dévoiler leurs têtes d’affiche. « Néanmoins, l’offre va s’adapter, avec probablement davantage d’événements plus intimistes, plus ancrés dans leur territoire », pronostique le patron de Live Nation France , Angelo Gopee, qui programme des formats plus modestes. Il veut convier de 50 à 100 habitués du Lollapalooza (95.000 personnes à Longchamp) à réfléchir avec lui à ce que sera l’édition 2021 de ce blockbuster.

La restauration a adopté la livraison

A leur réouverture , qui finira bien par arriver, les restaurants n’auront qu’une hâte, reprendre le service à table et revenir à la convivialité d’antan. Mais au-delà de la distanciation et autres gestes barrières qui perdureront un moment, comme de l’extension des terrasses auxquelles tout le monde a pris goût, le secteur restera en partie transformé par le développement de la livraison et de la vente à emporter.

La seule livraison devrait peser 19 % du chiffre d’affaires de la restauration commerciale en 2024 , selon les estimations de Food Service Vision. En 2019, elle ne représentait que 7 % des ventes. La dynamique est là : 75 % des établissements faisant du service à table comptent bien garder la livraison à leur menu après leur réouverture, un chiffre qui grimpe à 95 % des spécialistes des mets rapides.

Autre phénomène parti pour durer : l’essor des « dark kitchens » , ces restaurants sans salle ni comptoir conçus pour la seule dégustation à la maison. Il existe aujourd’hui 4.500 de ces marques virtuelles. Les chefs ne se priveront pas non plus de faire perdurer une dernière corde à leur arc accélérée par le Covid : le développement d’un rayon épicerie , voire de lieux dédiés à ces compléments d’achat sur lesquels ils posent leur griffe.

Evénementiel d’entreprise : plus hybride et atomisé

La pandémie a touché de plein fouet les foires, congrès, salons, passés en mode virtuel . Qu’en restera-t-il après ? « Dès lors que nous aurons le droit de faire des salons, ma conviction est que ceux-ci seront pendant quelques années plus continentaux que mondiaux. Mais je ne pense pas que leur taille sera impactée », commente le président de Comexposium , Renaud Hamaide. Pour Frédéric Bedin , président du directoire de Hopscotch, « les rencontres physiques ont démontré leur efficacité justement par leur absence. On espère une reprise des séminaires au niveau local dès le printemps ».

Cependant, reconnaît-il, « oui, certaines pratiques comme l’hybridation, les réunions ‘en grappe’ par groupes de 5 à 100 personnes, ou simplement l’amplification digitale des événements, sont entrées dans les moeurs, et c’est très bien ». Chez Hospcotch , on planche aussi sur des formats plus festivaliers à l’instar de l’ex-Mondial de l’auto, appelé à devenir le Paris Motion Festival .

Le secteur de l’événementiel a beaucoup investi dans les technologies 3D et le marketing digital, et il en restera quelque chose, à l’instar de Maison & Objet, dont la plateforme numérique permet désormais à sa communauté d’échanger toute l’année. Résultat : la version virtuelle du salon a mobilisé trois fois plus de visiteurs que son édition classique.

Article de Vincent Collen, Clotilde Briard et Martine Robert – A retrouver en cliquant sur Source

Source : Covid : ces secteurs qui ne seront plus jamais comme avant | Les Echos