
Crise du Covid-19 : les gestionnaires de machines à cafés broient du noir
Avec des distributeurs de boissons largement condamnés dans les gares ou les entreprises, l’activité de ce secteur stagne entre 10 et 40 % depuis le déconfinement. Un millier d’entreprises et 55 000 emplois sont en jeu.
Fabrice Estève est à la tête de l’entreprise Couleur Café, comprenant deux employés et implantée à Saint-Priest (Rhône), près de Lyon. Depuis 1996 – date de création de sa structure – il en a connu des crises mais jamais « un tsunami comme celui-là ». Son chiffre d’affaires au mois de mai n’était que de 20 % par rapport à celui de mai 2019, et il pense difficilement dépasser le seuil des 30 % pour juin…
Avec la crainte que les machines à cafés puissent être un vecteur de contamination, de nombreuses d’entreprises ont décidé de les condamner − on en voit certaines même enroulées de ruban adhésif… Une mesure aussi radicale n’est pourtant pas préconisée dans le « protocole national de déconfinement » émis par le ministère du Travail. Celui-ci n’interdit pas l’utilisation des distributeurs automatiques de boissons. Selon Yoann Chuffart, délégué de la chambre syndicale nationale de vente et services automatiques (NAVSA), « ces clients adoptent une approche extensive du principe de précaution : plutôt que de traiter les risques, ils essaient de les éviter. » Le fait est qu’au-delà du protocole national, de nombreuses entreprises ont élaboré leurs propres règles sanitaires. « Même après le déconfinement, les gestionnaires sont persona non grata dans les entreprises, alors qu’ils ont été mobilisés dans les établissements de santé ou les casernes de pompiers par exemple pendant toute la crise », regrette Yoann Chuffart.
L’entrepreneur lyonnais, Fabrice Estève, note, lui, que ce sont surtout les grandes structures qui condamnent les machines, en raison de leur plus grande difficulté à gérer les flux. Pour rassurer ses clients, il a réfléchi à des solutions et, sur le conseil d’une consœur, a investi dans un liquide virucide à appliquer sur les distributeurs. Si cet investissement a été réalisé de sa propre initiative, le dirigeant se demande maintenant s’il pourra bénéficier d’un soutien de la part de l’Assurance Maladie, sur le modèle de la prise en charge partielle du gel hydroalcoolique pour les PME et TPE.
S’adapter aux clients pour garder les contrats
Depuis le déconfinement, Fabrice Estève a aussi privilégié le dialogue avec ses clients. Passant toutes les semaines sur les sites, il avoue devoir se montrer flexible face à leurs exigences sanitaires pour ne pas mettre en péril ses contrats : « Si on commence à hausser le ton, on perd le contrat à la fin des trois ans. » Et pour préserver son entreprise, le dirigeant a eu recours au prêt garanti par l’éta t (PGE) et a décalé ses versements à l’Urssaf.
De son côté, Yoann Chuffart s’inquiète d’éventuels plans de licenciements massifs dans ce secteur qui représente plus de 1000 gestionnaires et 55 000 salariés. « C’est une activité non délocalisable », insiste le délégué général qui souhaiterait bénéficier des mêmes mesures que l’ hôtellerie-restauration. Il réclame au gouvernement « le maintien du dispositif d’activité partielle et une annulation des charges ».
Source : Crise du Covid-19 : les gestionnaires de machines à cafés broient du noir – Le Parisien