Daniel Kretinsky veut prendre le contrôle de Metro
L’investisseur tchèque qui détient près de 11 % du capital du distributeur allemand a déposé vendredi soir une offre publique d’achat qui valorise Metro 5,8 milliards d’euros. Soit une prime de 34,5 % par rapport au cours du groupe avant son entrée au capital en août 2018. Le directoire de Metro juge cette offre « très inférieure à la valeur réelle de l’entreprise ».

L’appétit de Daniel Kretinsky pour les secteurs difficiles semble insatiable : après les mines et les médias, l’investisseur tchèque s’attaque à la grande distribution.

Après les mines et les médias, Daniel Kretinsky veut étendre son empire au monde de la distribution. Dix mois après avoir pris près de 11 % du capital de Metro, l’investisseur tchèque et son partenaire slovaque Patrick Thac semblent convaincus du potentiel du géant allemand, pourtant fragilisé par la concurrence des discounters Aldi, Lidl ou encore Netto.

Metro, le géant allemand de la distribution, en plein doute

L’investisseur, dont la fortune est évaluée par « Forbes » à plus de 2 milliards d’euros, a déposé vendredi soir via la société holding EP Global Commerce (EPGC) dont il détient 54 %, une offre publique d’achat sur la totalité des actions de Metro. A 16 euros par titre ordinaire, celle-ci représente une prime d’un peu moins de 3 % par rapport au dernier cours de clôture et valorise le distributeur 5,8 milliards d’euros.

Nous sommes convaincus qu’en devenant actionnaire principal nous pourrons donner les moyens à la direction du groupe de mettre en oeuvre les changements nécessaires dans le meilleur intérêt de l’entreprise

Daniel Kretinsky souligne que son offre représente une prime de 34,5 % par rapport au cours du groupe avant son entrée au capital en août 2018. « Nous sommes convaincus qu’en devenant actionnaire principal nous pourrons donner les moyens à la direction du groupe de mettre en oeuvre les changements nécessaires dans le meilleur intérêt de l’entreprise, de ses employés, de ses actionnaires, de ses clients », précise-t-il dans un communiqué.
Pas de nouvelles restructurations en vue

L’investisseur tchèque a notamment laissé entendre aux 150.000 salariés du groupe qu’ils ne devaient pas craindre de nouvelle restructuration. « Nous apprécions grandement l’engagement de tous les employés de Metro. Ils ont déjà subi des changements très importants et font un travail remarquable en ces temps difficiles », a-t-il assuré.

Cette nouvelle étape était attendue car l’investisseur tchèque et son partenaire détiennent des options qui venaient à échéance fin juin sur les actions Metro de la famille Haniel, principal actionnaire du groupe, et de Ceconomy, la nouvelle entité regroupant depuis l’été 2017 les marques d’électronique grand public Saturn et Media Markt, auparavant intégrées à l’empire Metro. S’ils exerçaient ces options, les deux hommes détiendraient plus de 30 % des actions de Metro et seraient tenus de présenter une offre publique d’achat à tous les actionnaires.
Soutien à la stratégie de recentrage du groupe

Dimanche, le directoire du groupe Metro a réagi négativement à l’offre, jugée « très inférieure à la valeur réelle de l’entreprise » et « ne prenant pas en compte son plan de développement ». S’il dit vouloir rendre un avis ultérieurement sur le fond de l’offre, le premier commentaire du directoire sonne comme un rejet et augure d’un bras de fer avec le milliardaire tchèque.

Plus connu pour ses investissements dans les mines de charbon et les médias, l’actionnaire à 94 % du groupe d’énergie EPH, propriétaire de Marianne et détenteur de parts dans le Monde, s’est voulu rassurant, soulignant son soutien à la stratégie de recentrage du groupe Metro sur le commerce de gros.

Daniel Kretinsky : « Investir dans la presse est pour moi un engagement citoyen »

S’il ne voit pas d’obstacle de principe aux négociations en cours avec la société immobilière Redos en vue de la cession de la chaîne de supermarchés Real, Daniel Kretinsky laisse néanmoins entendre qu’il veillera à ce que la vente se fasse « dans des conditions équitables ». Autrement dit, les négociations qui ont déjà pris du retard, pourraient se prolonger.