Danone a fait son plus grand bond en Bourse en dix-sept ans. Un mouvement qui contraste avec la perte de 41 % de sa valeur sur un an entre 2019 et 2020. Il a été alimenté par la hausse de 7,1 % du chiffre d’affaires, le maintien des objectifs annuels et le retour des rumeurs d’intérêt du leader mondial Lactalis pour Danone.
L’action Danone a fait un bond en séance de 9 % à 57,61 euros à la Bourse de Paris avant de clôturer en hausse de 5,76 %. Une performance inédite depuis dix-sept ans pour le groupe et qui a redonné des couleurs à une action qui avait perdu 40 % de sa valeur en un an entre le 2 septembre 2019 et le 29 octobre 2020 avant d’entamer un rebond partiel.
Les investisseurs ont salué l’augmentation de 7,1 % du chiffre d’affaires au premier trimestre et la confirmation des objectifs annuels du champion des yaourts, de l’eau minérale et de l’alimentation infantile. Mais le retour des rumeurs d’intérêt de Lactalis, le numéro un mondial des produits laitiers, pour un rachat total ou partiel de Danone, mentionné par La Lettre A, semble également avoir alimenté un mouvement spéculatif.
« Aucun projet en cours »
Danone a cependant réaffirmé n’avoir « aucune intention de céder quoi que ce soit ». Et démenti avoir missionné la banque Rothschild pour étudier une telle option. « Nos trois métiers sont cohérents. Nous commençons à recueillir les fruits des actions engagées. Il n’y a aucun plan de cession en cours », martèle le porte-parole du groupe. Sollicité par « Les Echos », Lactalis s’est refusé à tout commentaire. Des sources bancaires proches des deux parties ont néanmoins démenti toute imminence d’un projet de vente partiel ou total…
Mais Lactalis, groupe familial et non coté en Bourse, a toujours eu pour stratégie de s’appuyer sur des opérations de croissance externe. Une multiplication des acquisitions qui lui ont permis d’atteindre un chiffre d’affaires de 21,1 milliards en 2020, contre 251 millions d’euros en 2000. A plus de 50 milliards d’euros (38,4 milliards de valeur en Bourse avant prime de contrôle, et 10,5 milliards de dette), la pilule Danone serait grosse à avaler mais néanmoins pas impossible à financer pour un leader mondial des produits laitiers qui pourraient trouver des partenaires susceptibles de reprendre certains actifs comme l’eau minérale.
Détenteur à 60 % d’une JV avec Nestlé dans les produits laitiers pour qu’il collecte le lait, fabrique et commercialise, le géant familial devrait sans doute surmonter des problèmes d’anti-trust sur certains marchés. Il devrait aussi obtenir l’assurance que les pouvoirs publics ne chercheraient pas à bloquer une telle opération qui impacterait le monde agricole tricolore. C ontrairement à l’américain PepsiCo , qui avait souhaité acheter Danone en 2007, Lactalis a néanmoins l’avantage d’être français.
Cultures différentes
Peu présent sur le secteur très rentable de la nutrition spécialisée (lait infantile et alimentation médicale), Lactalis pourrait trouver un grand intérêt à se développer sur ce segment.
Ce regain d’intérêt intervient alors que Danone semble avoir quitté les eaux agitées qui lui ont valu une période difficile, une restructuration et un plan de relance mondial baptisé « Local First » . Jürgen Esser, le directeur général des finances, s’est félicité de la croissance enregistrée au premier trimestre 2022. « Avec un chiffre d’affaires de 6,2 milliards d’euros en progression de 7,1 % en données comparables (+10,2 % en publié), nous débutons l’année avec une performance solide ». Les prix ont contribué pour près de 5 % à la hausse du chiffre d’affaires, les volumes et le mix pour 2,2 %.
Bien que l’environnement demeure incertain, marqué par une grande volatilité, l’inflation et beaucoup d’inconnues géopolitiques, le groupe maintient ses prévisions pour l’année. L’activité sur l’ensemble de l’exercice devrait progresser de 3 à 5 % (portée par l’effet prix), tandis que la marge opérationnelle courante supérieure devrait être supérieure à 12 %. « Comme annoncé, nous démarrons notre programme de réinvestissement grâce aux économies générées par le plan de relance Local First », a précisé Jürgen Esser.
Danone reste en Russie
Danone a choisi de rester en Russie, où le groupe possède une bonne dizaine d’usines. Le groupe a recentré son portefeuille sur les produits laitiers essentiels et la nutrition infantile et médicale. Il a stoppé les importations de l’eau d’Evian et des substituts au lait Alpro. Les projets d’investissement, publicité et promotions incluses, ont été suspendus. « Tous les profits seront reversés à des associations », précise le groupe.
Par Marie-Josée Cougard – A retrouver en cliquant sur Source