Les ventes sur le marché américain ont encore progressé de 3 % et celles de Johnnie Walker de 5 %. Seule ombre au tableau : la vodka Smirnoff.

Diageo a de quoi ouvrir une bouteille. Tous les indicateurs sont au vert, ou presque, pour le numéro un mondial des spiritueux. Le Britannique a publié ce jeudi des résultats meilleurs qu’attendus pour les six derniers mois de 2017 (le premier semestre de son exercice fiscal). Il le doit notamment aux bonnes performances de sa marque de whisky, Johnnie Walker, qui cartonne aux Etats-Unis.

Alors que le « scotch » reste la plus grosse contribution aux revenus (avec 27 % du total), les ventes aux Etats-Unis ont encore progressé de 3 % et celles de Johnnie Walker de 5 % ! Le géant des spiritueux a ainsi pu annoncer une croissance organique nette de 4,2 % sur le semestre, au-dessus des 3,7 % prévus par le consensus des analystes. Le bénéfice d’exploitation progresse de 6,1 %, à 2,2 milliards de livres (2,53 milliards d’euros) pour un chiffre d’affaires lui-même en hausse de 1,7 %, à 6,5 milliards.

La vodka à la peine

Le whisky n’est pas le seul sujet de satisfaction pour Diageo. La renaissance du marché du gin, dont les ventes ont grimpé de 16 %, tire l’essentiel de la croissance du groupe en Europe, même si cette boisson ne contribue aux ventes nettes qu’à hauteur de 4 %. La bière aussi se porte bien (+4 %, à 15 % des ventes). Quant à la tequila, elle a bondi de 43 % (à 3 % des ventes). .

Seule ombre au tableau, la vodka (10 % des revenus globaux) qui, comme chez Pernod-Ricard (avec Absolut), est sous pression aux Etats-Unis, où le groupe réalise 60 % de ses ventes. En particulier la Smirnoff, seule grande marque du groupe dont les ventes reculent (-1 % au niveau mondial, -2 % aux Etats-Unis). Diageo, qui y voit « une stabilisation », a engagé une série de plans marketing pour revitaliser la marque aux Etats-Unis.

« Cercle vertueux »

Le groupe, comme tout le secteur agroalimentaire sous la menace d’un raid de fonds activistes (surtout depuis que 3G Capital a échoué à reprendre Unilever et cherche une nouvelle proie), peut se féliciter des progrès accomplis en termes de réduction des coûts (700 millions de livres d’économies visés pour juin 2019) et l’amélioration de la rentabilité (la marge d’exploitation devrait s’améliorer de 175 points de base d’ici là).

Il a ainsi pu renforcer ses dépenses marketing de 7 % sur le semestre écoulé pour mieux booster les ventes. « C’est vraiment un cercle vertueux », a souligné le directeur général, Ivan Menezes. Il rechigne en revanche à céder des activités et entend conserver Guiness, notamment pour ménager à ses spiritueux une porte d’entrée vers l’Afrique.

Remontée de la livre

La livre est enfin un sujet d’attention. Sa remontée face au dollar a raboté les ventes nettes de 124 millions de livres sur le semestre écoulé, et amputé le résultat d’exploitation de 15 millions. Sur l’ensemble de l’année, l’effet pourrait atteindre 460 millions sur les revenus et 60 millions sur les profits.

Reste l’inconnu du Brexit. « Notre sujet est d’éviter toute friction sur le commerce, a souligné Ivan Menezes. Nous voulons notamment continuer de bénéficier des mêmes avantages que ceux offerts par les accords commerciaux conclus par l’UE avec l’Afrique du Sud ou la Corée, par exemple. » Au-delà des risques, le Brexit pourrait aussi offrir des opportunités. Le groupe espère que le Royaume-Uni, une fois sorti de l’UE, rétablira le duty-free.