
Du bio, du local, des services et une marketplace : l’offensive de sortie de crise de France Boissons
Plus de bio, de local, de digital et création d’une market place… Mis à mal par les confinements, comme toute la filière, le grossiste en boissons a profité de cette période inédite pour accélérer et renforcer certains de ses mouvements.
Quel a été l’impact des 7 mois de fermeture des CHR ?
Sur le chiffre d’affairesAvec 90 % de l’activité à l’arrêt pendant des mois, l’impact est lourd forcément. Le chiffre d’affaires de près d’un milliard d’euros en 2019 est tombé à 561 M€ en 2020… Mais devrait repartir à la hausse grâce à la réouverture des terrasses puis des restaurants. «A fin mai 2021, nous avons déjà retrouvé 70 % de nos volumes, et même davantage sur la bière », analyse Loïc Latour, pdg de France Boissons. Néanmoins, « nous prévoyons un retour au niveau de 2019 en 2023 seulement ».Sur les stocks
Pendant la fermeture des établissements, les stocks ont été gelés, et la DDM (date de durabilité minimale) s’est du coup rapprochée ou a été dépassée. Même si les boissons restent largement consommables une fois la DDM révolue, les négociations vont bon train avec les fournisseurs d’une part, avec les clients d’autre part. « Il est parfois difficile de les convaincre d’accepter ces produits. Eux-mêmes craignent que leur convive les refuse», souligne Xavier Fiorina, directeur supply chain.La dimension service aux clients accrue
La digitalisation, qui s’est très fortement accélérée depuis 2020 à tous les niveaux, va être mise au service des clients de France Boissons, avec du phygital « en fait, la complémentarité entre le digital et l’humain », ajoute Loïc Latour. Le grossiste, qui a mis en place un outil CRM pour ses commerciaux, va enrichir sa plateforme e-commerce MyFranceBoissons.fr. « Elle représentait 15 % de notre chiffre d’affaires avant la crise, nous voulons monter sa part à 30 % d’ici à la fin de l’année. C’est très pratique pour le client, puisque 25 % d’entre eux y passent commande en dehors des heures d’ouverture ».D’autres services seront déployés à l’instar de Tech See, solution de dépannage à distance des équipements de tirages pression, de l’appli Swify Menu Start, «pour accompagner nos clients dans l’accroissement de leur chiffre d’affaires », ou d’une analyse de la satisfaction client par des visites mystère etc.Création d’une marketplace dédiée à une offre premium, bio et locale
« Sur nos 6000 références, 20 % déjà sont locales», précise Emmanuelle Lecointe, directrice achats et catégories. L’entreprise va poursuivre ses efforts en ce sens, notamment via le lancement d’une market place dédiée aux vins & spiritueux premium, boissons bio et locales. Outre l’offre de France Boissons (en distribution ou en propre), elle y présentera les produits d’autres fournisseurs « que nous sommes en train de sélectionner : ils doivent être complémentaires, fiables sur le plan logistique et SAV et signer notre charte d’engagement de qualité et d’éthique ». Le tout fonctionnera selon un modèle économique assez simple : un abonnement de 30 €/mois pour le vendeur auquel s’ajoute un pourcentage de 10 à 15 % sur le chiffre d’affaires qu’il réalisera via cette market place. « Nous sommes en train de la tester, avec deux vendeurs ; en septembre, pour son lancement, nous espérons en accueillir 80 ». L’intérêt pour les clients est évident : bénéficier d’une offre plus large encore que celle de France Boissons, commandée au même endroit, 7j/7, 24h/24. « La première étape, c’est l’offre bio et locale, mais nous réfléchissons à intégrer de l’épicerie bio et locale, du matériel de vente à emporter recyclable, biodégradable, réutilisable, d’autres boissons (jus, eaux, thés, infusions, BRSA), des bières, du café, voire des services complémentaires etc. Les objectifs sont ambitieux : 15000 produits fin 2023, 40 % des clients actifs MyFranceBoissons qui commanderaient dessus pour 15 % de valeur additionnelle ».Devenir le distributeur le plus contributeur à une économie verte
Acteur engagé sur l’ensemble du territoire, France Boissons, dont 40 % des volumes sont déjà consignés, travaille sur la reprise du verre perdu sur ses sites de Strasbourg, Nantes et Angers, teste la collecte du PET et met en place un partenariat avec Quatra pour récupérer les huiles usagées. Côté transport, si le distributeur possède déjà 3 camions électriques, ceux-ci devraient représenter 50 % de la flotte en 2024. En parallèle, le grossiste travaille sur des tournées mutualisées et teste un hub urbain, «un dépôt plus petit en coeur de ville pour déterminer si c’est la solution du futur, et surtout à quel coût ?», conclut le pdg.Carte d’identité de France BoissonsAppartenance : groupe HeinekenChiffre d’affaires : 1 milliard d’euros en 2019 (561 M€ en 2020), réalisé à 80 % en CHR, à 20 % dans la restauration collective, l’événementiel etc.
Organisation : 72 sitesEffectif : 2400 salariésClients : 50000Références : 6000Article de SABINE DURAND – A retrouver en cliquant sur Source