Eaux minérales : À Evian, Danone défend le respect strict de la réglementation
En Haute-Savoie, Danone défend son modèle basé sur le respect strict de la réglementation et la pureté de son eau minérale. Reportage
ligne de production dans l’usine d’Amphion d’Evian
Mardi 16 décembre 2025, la Société des eaux minérales d’Evian, entité de Danone qui regroupe les marques Evian, Badoit, Volvic et La Salvetat a convié la presse sur ses terres historiques. Le prétexte officiel? Un changement de gouvernance du méthaniseur de la communauté de communes Pays d’Evian–Vallée d’Abondance, installé à Vinzier depuis 2016. Mais, l’occasion en réalité était belle pour défendre le respect strict de la réglementation qui encadre l’eau minérale naturelle.
En pleine affaire Perrier toujours dans l’attente du renouvellement de l’autorisation d’exploitation de sa source à Vergèze dans le Gard, Danone entend se distinguer. « Le label eau minérale naturelle ne coule pas de source », insiste Cathy Le Hec, directrice des sources d’eaux minérales de Danone et présidente depuis le début de l’année de la Maison des eaux minérales naturelles, la MEMN. « Il est défini par le Code de la santé publique et il se mérite», poursuit-elle.
Les piliers fondamentaux de l’eau minérale
Pour mieux convaincre, rendez-vous sur le plateau de Gavot en Haute-Savoie face à la « Dandoche », montagne dont la silhouette est dessinée sur les bouteilles Evian. C’est ici que se situe l’impluvium, soit la zone d’infiltration de l’eau qui s’étend sur 35 km² et est traversée par 9 communes où l’agriculture et l’élevage dominent. “Seules 10 % des précipitations parviennent à pénétrer le sous-sol. Cette eau entame alors un voyage souterrain de plus de quinze ans, à raison d’environ un mètre par jour. C’est ce parcours qui permet à l’eau de s’enrichir au contact des roches glaciaires, acquérant sa composition faiblement minéralisée, stable et équilibrée”, explique Cathy Le Hec. Volontiers pédagogue, la directrice des sources d’eau minérale de Danone revient sur ce qui fait une eau minérale. Il y a trois piliers fondamentaux, détaille-t-elle. Le premier est la garantie d’origine : l’eau doit provenir d’un terroir géologique précis, unique, qui lui confère ses caractéristiques. À Evian, ce terroir est celui des roches glaciaires déposées il y a près de 30 000 ans par le glacier du Rhône.
Le deuxième pilier est la stabilité de la composition minérale. Où qu’elle soit consommée, quelle que soit l’année, l’eau doit présenter exactement la même signature minérale. Enfin, le troisième pilier, au cœur de l’actualité, est la pureté originelle. Une eau minérale naturelle ne peut subir aucun traitement de désinfection ou de purification. Sa pureté est acquise exclusivement par son cheminement dans les roches, qui filtrent naturellement bactéries et polluants. «Si l’eau devait être traitée, elle perdrait son statut même d’eau minérale », insiste Cathy Le Hec.
Un travail de concertation avec les agriculteurs
C’est précisément pour éviter ce risque que Danone s’est engagé en 1992 dans la création de l’APIEME (Association pour la protection de l’impluvium des eaux minérales d’Evian) avec la volonté de travailler avec les agriculteurs plutôt que contre eux. L’association réunit 23 agriculteurs engagés dans le programme, couvrant près de 2 000 hectares, dont 1 200 sur l’impluvium. Résultat : 99,6 % des surfaces sont sans pesticides, 50 % conduites en agriculture régénératrice. « L’objectif n’est pas l’interdiction, mais l’accompagnement technique, économique et humain », assure Cathy Le Hec. « Sans l’agriculture et l’élevage qui dominent sur le plateau, on perdrait ces surfaces couvertes qui sont favorables à la recharge de la nappe », poursuit la directrice des sources d’eau minérale de Danone.
Le méthaniseur de Vinzier illustre également cette démarche. Conçu dès l’origine pour protéger l’eau, il traite l’ensemble des effluents d’élevage du territoire. Déjections animales, autrefois source de nuisances et de risques pour la ressource, sont désormais hygiénisées et désodorisées et transformées. Les digestats sont ensuite répandus de manière collective et ultra-contrôlée sur les prairies, grâce à un suivi GPS et avec l’appui de la chambre d’agriculture.
En aval, l’usine d’Amphion, entièrement modernisée entre 2013 et 2017 (près de 300 M€ ont été investis) , entend également incarner cette exigence de l’eau minérale. Le site dirigé par Fréderic Lebas s’étend sur 130 000 m² et emploie 1 050 salariés. « Ce sont près de 300 contrôles qualité par jour sur l’eau qui sont effectués », assure le directeur de l’usine. Sans jamais citer directement son concurrent, Danone entend envoyer un message clair : pas question d’assouplir les règles. « Dans l’eau minérale, il n’y a pas d’entre-deux », conclut Cathy Le Hec.
Par Marie Cadoux – A retrouver en cliquant sur Source