La tour Egée à la Défense reste, pour l'instant, le siège d'Elior Group.

Elior inaugure l’ère Derichebourg en réduisant sa perte 

La multinationale de la restauration collective et des activités multiservices est revenue à la rentabilité opérationnelle et la stabilité d’un actionnaire de long terme. Reste à réduire la dette et poursuivre l’intégration des équipes, avant de repartir à la conquête de l’international.

La tour Egée à la Défense reste, pour l’instant, le siège d’Elior Group. (Shutterstock)

Un bond en Bourse de 12 % pour célébrer la bonne surprise. « L’exercice 2022-2023 clos au 30 septembre marque un tournant décisif avec un retour à la rentabilité opérationnelle pour Elior, prémices d’un redressement plus marqué », s’est félicité Didier Grandpré, le directeur financier du groupe qui a changé de colonne vertébrale.

Car cet exercice est marqué par un changement de taille : le 18 avril, le spécialiste du recyclage Derichebourg a pris le contrôle (48,4 %) du géant de la restauration collective affaibli par la pandémie, via une augmentation de capital et l’apport des activités de son pôle multiservices DMS.

Daniel Derichebourg est devenu le PDG d’Elior Group , lequel aura ainsi connu, en huit ans seulement, quatre patrons aux profils très différents – Philippe Salle de 2015 à 2017, puis Philippe Guillemot de 2017 à 2022 et Bernard Gault en intérim depuis.

Calinothérapie

D’où la nécessité d’une opération de calinothérapie en interne, avec l’arrivée aux commandes d’un « acteur familial de long terme qui va apporter de la stabilité » et qui est « habitué à redresser des entreprises en difficulté à faible marge », souligne Didier Grandpré.

Elior Group a réduit sa perte nette à 93 millions d’euros (contre 427 millions sur l’exercice précédent), vu son chiffre d’affaires annuel progresser de 11,2 % à 5,22 milliards d’euros et sa marge d’EBITA ajusté de 1,1 % à 59 millions d’euros. La multinationale table pour 2023/2024 sur une croissance organique du chiffre d’affaires de 4 % à 5 % et une progression de la marge d’EBITA ajusté de 2,5 %.

En quelques mois, Daniel Derichebourg a mené des changements de management en France et en Italie, refondu les fonctions support au siège, opéré un travail d’extinction des foyers de pertes sur des contrats stratégiques, accru les synergies. Sa principale priorité reste le désendettement. Il a réussi à obtenir l’extension de l’échéance d’un an de 89 % de la dette qui s’élève à près de 1,4 milliard.

27 millions de synergies de coûts

Le groupe travaille activement à l’intégration des activités d’Elior Services, plutôt axées sur la propreté, l’accueil, la conciergerie et les espaces verts, et de celles de DMS, plutôt tournées vers l’efficacité énergétique, la sécurité, l’intérim et la sous-traitance aéronautique.

Une mission d’ampleur : le premier compte 21.000 salariés dans le monde, le second 37.000 (dont 25.000 en France). Les synergies de coûts ont été revues à la hausse. 56 millions d’euros (en économies et meilleur fonctionnement des métiers) sont désormais espérés à horizon 2026.

Quant à la restauration collective qui pèse près de 80 % du chiffre d’affaires et 86.000 collaborateurs, c’est un nouvel univers pour la famille Derichebourg. Le patriarche Daniel s’y implique dans les moindres détails, tandis que son fils Boris, en tant que PDG d’Elior France, est aux premières loges : l’Hexagone représente plus de 48 % du chiffre d’affaires du groupe.

La greffe en bonne voie

« Nous avons à présent deux piliers – restauration collective et multiservices – qui pèsent chacun environ 1,5 milliard en France, ce qui permet de répartir les risques et de diluer les effets de cycle », explique Boris Derichebourg.

La greffe se passe bien, dit-il. « Nous avons redessiné les régions, créé des binômes commerciaux, standardisé les outils, aligné l’informatique. Le personnel d’Elior retrouve une forme de capitalisme familial comme il en a connu sous l’ère des fondateurs, Robert Zolade et Francis Markus », poursuit-il. L’idée est de rétablir l’activité en France puis de partir davantage à la conquête de l’international.

La restauration collective traverse une mutation sans précédent. Désarçonnée par le télétravail, sa rentabilité souffre de l’inflation des coûts. « Nous essayons de revaloriser les contrats mais cela est plus facile avec le privé qu’avec les collectivités locales. Je vais à la rencontre des maires pour revoir le cahier des charges », insiste encore le PDG d’Elior France.

Par Martine Robert – A retrouver en cliquant sur Source

Source : Elior inaugure l’ère Derichebourg en réduisant sa perte