Kraft-Heinz, Pepsico : les emblèmes de l’alimentation made in USA en souffrance

Kraft-Heinz s’est encore effondré en Bourse jeudi, après la publication de résultats décevants et la dépréciation des cafés Maxwell. Son patron mise sur un nouveau plan de relance. Chez PepsiCo, dopé par des investissements en marketing et la perspective de nouvelles gammes, les incertitudes demeurent.

 

Le marché américain de l’agro-alimentaire confirme son virage. Kraft-Heinz et PepsiCo, ont déçu les marchés jeudi en publiant des résultats mitigés. Les deux symboles de la nourriture made in USA doivent d’urgence trouver des relais de croissance face aux changements d’habitudes des consommateurs. Le premier s’est effondré à l’ouverture de Wall Street, perdant plus de 8 %, le second reculait de 1,5 %.

Chez Kraft-Heinz, d’abord, l’indigestion persiste. Le groupe a généré des ventes décevantes au quatrième trimestre, après une  année 2019 déjà très agitée . Sur la fin de l’année, le chiffre d’affaires s’établit à 6,54 milliards de dollars, en baisse de 5 % par rapport à l’année précédente.

Simplifier la gamme

Son nouveau patron Miguel Patricio s’est toutefois voulu rassurant. « Nous avons pris des mesures importantes ces six derniers mois pour rétablir la visibilité et le contrôle de nos activités […] Notre redressement prendra du temps mais nous prévoyons de réaliser des progrès significatifs en 2020, posant les fondations solides de notre future croissance », a-t-il indiqué, tout en présentant un plan visant à simplifier les activités du groupe.

« Ce que nous essayons de faire, c’est de voir les similarités entre nos différentes activités, et ainsi de les simplifier », a précisé Miguel Patricio  à Bloomberg . Le chantier est gigantesque pour une société qui produit de la viande, du fromage, des céréales, des boissons, des condiments, des épices, des produits surgelés… D’autant que c’est le modèle même de Kraft-Heinz et ses produits transformés que semblent remettre en cause les consommateurs américains, qui se tournent de plus en plus vers des produits frais.

Face à ces transformations, Kraft-Heinz a de nouveau dû déprécier un actif -les cafés Maxwell-, de 213 millions de dollars, après avoir revu à la baisse l’an dernier la valeur de sa marque de produits carnés, Oscar Mayer.

Nouveaux produits chez PepsiCo

Les méthodes de son actionnaire, le  fonds brésilien 3G , semblent aussi avoir atteint leurs limites. Le  « budget base zéro » , qui obligeait tous les services à justifier leurs dépenses d’une année sur l’autre, a certes permis, l’an dernier, de dégager des bénéfices (1,9 milliard contre une perte nette de 10 milliards en 2018) et de verser un dividende aux actionnaires, mais c’est au détriment des investissements. La direction a bien tenté d’infléchir la tendance l’an dernier, mais cela n’apparaît pas, pour le moment, suffisant…

La situation est différente chez PepsiCo, mais la problématique reste la même : s’adapter aux évolutions des consommateurs. Les performances du groupe ont dépassé les attentes des analystes en fin d’année, mais les marchés ont sanctionné des prévisions trop timorées pour 2020, avec notamment une croissance organique annuelle de 4 %. Pour soutenir son activité, le groupe a beaucoup investi en marketing l’an dernier. Et il mise sur le  lancement de nouveaux produits cette année, comme le Pepsi Cafe, qui mélange cola et café, son eau pétillante ( un segment en forte croissance ) Bubly à la caféine, ou encore des versions sans sucre de son soda Mountain Dew.

Article de Nicolas Rauline – Les Echos  (Bureau de New York)

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