Il y a des chiffres qui interpellent. Ceux publiés par l’IRI Worldwide, une société spécialisée dans l’analyse de données de marchés, illustrent un véritable tournant sociologique dans les habitudes de consommation d’alcool en France. Si l’on en croit ces chiffres, la bière serait en passe de détrôner le vin dans les rayons des grandes surfaces.

Selon l’IRI Worldwide, les ventes de vins tranquilles et effervescents ne cessent de diminuer. En 2022, la vente des seuls vins tranquilles en grande distribution a baissé de 6 % en volume et de 4,91 % en valeur, tandis que les ventes de bière ont connu une croissance inversement proportionnelle.

En quinze ans, la tendance n’a fait que se renforcer. En 2007, les vins tranquilles représentaient 42,2 % de parts de marché sur l’ensemble des ventes d’alcool en grande distribution ; en 2022, ce volume est tombé à 31,1 %. Dans le même temps, les ventes de bière ont, elles, bondi de 36,1 % de parts de marché en 2007 à 51,4 % au premier semestre 2022.

En valeur, le phénomène se confirme. En 2007, la bière ne représentait que 14,1 % du chiffre d’affaires total des boissons alcoolisées en grande distribution ; au premier semestre 2022, il s’élevait à 27 %. Alors que le chiffre d’affaires des vins tranquilles est passé de 34,1 à 28,9 % pour la même période. « Dans ces conditions, on pronostique que, dès 2023, le chiffre d’affaires de la bière en grande distribution dépassera pour la première fois celui du vin tranquille », observe Éric Marzec, directeur de clientèle de l’IRI Worldwide.

Bières haut de gamme

Comment expliquer un tel phénomène ? La bière séduit les jeunes consommateurs avec des produits plus complexes et haut de gamme. Il n’est pas rare de trouver dans les rayons des canettes vendues de 3 à 5 €, mais aussi des marques de bière dont le prix au litre dépasse les 7 €. De quoi faire rêver nombre de vignerons.

Alors la bière nouvelle championne des boissons alcoolisées en grande distribution ? Pas tout à fait car si l’on ajoute les chiffres de vente des effervescents, le vin l’emporte encore d’une courte tête. Reste à savoir comment vont réagir les grandes enseignes face à ces nouvelles tendances de consommation. Dans les linéaires, les vins occupent toujours beaucoup plus d’espace que la bière.

Par Jérôme Baudouin – A retrouver en cliquant sur Source