La livraison de repas s’est ancrée dans les habitudes des Français

Son marché atteint 7 milliards d’euros en France, selon Food Service Vision. Et le nombre de marques proposées en commande à domicile a continué à grimper.

La livraison de repas à domicile et de courses du quotidien ne représente qu’une petite part du budget que les Français consacrent à la restauration. Mais elle a su se faire une place au-delà des contraintes sanitaires.

Dans la « Revue Livraison » 2023, Food Service Vision évalue le chiffre d’affaires du secteur en France à 7 milliards d’euros et estime qu’il devrait atteindre 9,2 milliards en 2026. La précédente étude , il y a deux ans, pointait des ventes de 4,9 milliards en 2020. 2021 avait connu un pic atypique avec cinq mois de fermeture des restaurants que les Français cherchaient à compenser.

La moitié des Français concernée

Près d’un Français sur deux s’est fait livrer un repas dans les six derniers mois et 37 % ont eu recours au service pour les courses alimentaires. « Après avoir vu la pandémie accélérer son développement, la livraison est entrée dans l’âge adulte. Elle est devenue indispensable au secteur », note François Blouin, le président-fondateur de Food Service Vision.

On aurait pu croire qu’avec le retour à la normale, le nombre d’acteurs proposant de la livraison se tasserait. Il n’en est rien. Au contraire, le nombre de marques est passé de 50.800 en octobre 2021 à 56.300 en janvier 2023.

Aux 43.000 restaurants indépendants qui la proposent pour un chiffre d’affaires moyen pour chacun de 85.000 euros répondent 8.800 points de ventes de chaînes (quelque 400.000 euros en moyenne pour chaque lieu). Sans compter les griffes lancées spécifiquement pour la livraison par les « dark kitchen » ainsi que par des acteurs servant à table sous un autre nom. Mais seulement deux propriétaires d’établissements sur trois jugent l’activité rentable.

Du côté des clients, les profils se diversifient. « Les plus gros utilisateurs se recrutent parmi les 18 à 35 ans, les hommes, les habitants des grandes villes, les CSP +. Mais les progressions les plus fortes se font dans des classes d’âge plus élevées ne logeant pas forcément dans les métropoles régionales. En outre, le moment qui s’est le plus développé récemment est le déjeuner », note Florence Berger, directrice associée de Food Service Vision .

Plus de fidèles

Parmi les clients, quelque 40 % commandent toutes les semaines. Ce niveau est 10 points supérieur à celui de 2019. « La part des utilisateurs qui veulent se faire livrer plus souvent car ils y trouvent plaisir et praticité s’équilibre avec ceux qui freinent leurs achats. Pour ces derniers, les raisons budgétaires sont, de loin, la première cause, suivie par l’envie de préparer eux-mêmes leurs repas », remarque François Blouin.

Il s’y ajoute les consommateurs privilégiant la vente à emporter, moins coûteuse. A noter aussi que les promotions déclenchent plus de 40 % des commandes sur les plateformes.

Au-delà du prix, les freins touchent également aux conditions de travail des livreurs . Pour les deux tiers de ceux qui y ont recours, elles ne sont « pas satisfaisantes ». Ils sont presque autant à s’inquiéter pour l’environnement. Mais ne renoncent pas pour autant à l’appétit de recevoir chez soi de quoi manger sans avoir à cuisiner…

Signes que les habitudes s’installent, les plateformes continuent à gagner du terrain globalement par rapport aux restaurants ayant leur propre flotte de livreurs. Et les Français sont plus nombreux à n’en utiliser qu’une seule (41 % contre 30 % en 2020). Uber et Deliveroo renforcent ainsi leur place au détriment de Just Eat.

Pour poursuivre son développement, la livraison va devoir encore gagner en maturité. « La possibilité de commander des produits venant de plusieurs restaurants sera un levier de croissance », estime François Blouin. Cette manière de proposer une expérience différente et de répondre aux goûts de chaque convive commence d’ailleurs à émerger.

Autres pistes lancées par le cabinet : des propositions d’abonnement de la part des restaurants et une sophistication des mécaniques de promotion. Avec, parmi les priorités, la nécessité de travailler activement sur les emballages et leur réduction.

Par Clotilde Briard – A retrouver en cliquant sur Source

Source : La livraison de repas s’est ancrée dans les habitudes des Français