La restauration rapide a de beaux jours devant elle

Le secteur devrait voir son chiffre d’affaires global hors inflation croître de 5% par an à l’avenir, selon une étude. Les marges, effritées, reviendraient à la normale dès 2023-2024, après une nette baisse l’an dernier.

La restauration rapide devrait continuer à avoir le vent en poupe. Après avoir connu de bonnes progressions depuis plus de dix ans, hors parenthèse du Covid, elle devrait voir son chiffre d’affaires global hors effet de l’inflation, croître d’environ 5% par an au cours des prochaines années, selon l’étude menée par Asterès pour le Snarr, le Syndicat national de l’alimentation et de la restauration rapide, qui la dévoile à l’occasion de son assemblée générale ce vendredi 30 juin.

Ce segment du marché fait déjà mieux que l’ensemble du secteur. Entre janvier 2010 et mars 2023, son chiffre d’affaires a été multiplié par 2,8 contre 2 pour la restauration au global et 1,4 pour le PIB français. Il est vrai qu’il a été bien aidé par un boom du nombre d’établissements, qui a progressé de 45% entre 2010 et 2019, repère d’avant la pandémie. Un rythme qui a d’ailleurs bien repris depuis l’an dernier.

Poids des ingrédients et de l’énergie

«La restauration rapide épouse les évolutions de la société, comme le développement de la livraison , et celles de la technologie avec la digitalisation. Elle s’adapte aussi bien aux modes de travail plus flexibles d’aujourd’hui», estime Sylvain Bersinger, chef économiste chez Asterès.

Côté rentabilité, la récente hausse des tarifs des matières premières (+16,9% en 2022) et de l’énergie (+45% après une augmentation de 33,2% en 2021), a, en revanche, pesé, celle des salaires et des loyers, plus contenue, ayant un impact moins important. L’an dernier, la marge moyenne était de 5,9% contre 8,2% en 2021.

«Si, en 2022,les marges se sont effritées, ce n’est que temporaire. Dès 2023, elles devraient retrouver leur niveau structurel et atteindre 8,2%, tempère Sylvain Bersinger. Le secteur va surmonter le choc de l’inflation qui commence à se dissiper. D’autant qu’il a pu passer des hausses de prix assez fortes, qui restent cependant en dessous de celles de l’alimentation, ce qui lui a permis de ne pas perdre son attrait auprès des consommateurs.»

«Notre secteur représente une restauration accessible qui doit le rester», ajoute Esther Kalonji, déléguée générale du Snarr.

Pour cette année, Asterès table sur une progression des salaires de 4%, des prix des produits alimentaires de 10%, des loyers de 5%. Quant à l’énergie, elle devrait voir ses tarifs se contracter de 12% selon ses estimations.

Nouveaux coûts

La profession, qui engrange quelque 29% des dépenses de restauration des Français, doit aussi absorber depuis le 1er janvier l’obligation faite par la loi AGEC d’utiliser de la vaisselle réemployable pour les clients mangeant sur place.

Le cabinet a mené une estimation sur le coût de l’équipement, qu’il ne juge pas insurmontable. Il l’évalue à 6.000 euros en moyenne par lieu. Mais le montant peut être très variable selon la configuration des restaurants. En outre, les sommes à débourser une fois l’investissement initial fait n’ont pu être évaluées.

«Les coûts restent élevés. Le réemploi peut nécessiter des réinstallations conséquentes pour certains. Et il a une incidence sur les factures d’énergie, en particulier pour les contrats signés en 2022-2023. En outre, il faut parfois employer une personne supplémentaire. Sans oublier le vol des contenants qui, s’il s’est tassé, demeure important », relève néanmoins Esther Kalonji.

Autre ombre au tableau: le vieillissement de la population. Or, les personnes les plus âgées tendent à moins dépenser dans la restauration, un phénomène encore plus marqué sur la catégorie des fast-foods.

Un enjeu d’image

«Mais les scénarios qui se dessinent sont plutôt optimistes. La restauration rapide a, cependant, un enjeu important d’image, sa perception étant encore souvent négative. Elle a, en particulier, intérêt à montrer qu’il y a différentes manières de manger vite, avec une offre qui peut monter en gamme », juge le chef économiste d’Asterès.

Au-delà des clients, ce souci d’améliorer l’image touche aussi le recrutement. Le secteur qui emploie directement près de 300.000 personnes, cherche plus que jamais à mettre en avant les possibilités de progression. Et mise sur la fidélisation, avec, notamment, un coup de pouce supplémentaire donné cette année pour ceux qui travaillent dans la branche depuis plus de 15 ans.

Par Clotilde Briard – A retrouver en cliquant sur Source

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