C’est un genre de raz de marée. En cinq ans, le Pakistan s’est hissé au rang des fournisseurs privilégiés d’alcool industriel en Europe.

Absent en 2018, il contrôle aujourd’hui 20 % des ventes aux industriels de l’Union européenne, au secteur de la cosmétique, à la pharmacie et à l’industrie.

« Prix bradés »

Les importations pakistanaises entrent « à prix bradés » et « à droit zéro », selon le sucrier Tereos, qui réalise 4 % de son chiffre d’affaires (7,1 milliards d’euros sur l’exercice 2023-2024) dans le secteur de l’alcool en Europe.

Résultat, la rentabilité de ce secteur s’est considérablement amoindrie. Le marché européen de l’alcool a vu les prix chuter de 21 % pour s’établir à 637 euros par mètre cube en mars 2024, selon Olivier Leducq, directeur général de Tereos .

« Cette baisse a été la conséquence principalement d’importations significatives, qui ont contribué à maintenir des stocks élevés », a indiqué Olivier Leducq. Tereos a réclamé sans succès le déclenchement d’une clause de sauvegarde.

« Le gouvernement a été très content de trouver une industrie forte pendant le Covid pour assurer les besoins en gel hydroalcoolique. Aujourd’hui, c’est notre souveraineté en la matière qui est menacée et si rien n’est fait des usines fermeront. Les capacités de production françaises ne sont plus utilisées qu’à 70 % », a déploré Olivier Leducq.

L’urgence Covid

Leader de l’alcool pharmaceutique dont il est le premier producteur français, Tereos s’était lancé dans la fabrication de gel hydroalcoolique sur le marché BtB au moment du COVID.

La coopérative avait adapté ses lignes de production lors du premier confinement pour fournir plus de 200.000 litres de solution hydroalcoolique aux Agences régionales de santé. Par la suite, le groupe a développé un gel plus adapté aux utilisations quotidiennes au sein des entreprises et collectivités », explique Olivier Leducq. Son concurrent Cristal Union s’était lui aussi très largement impliqué dans cette production.