Pour commander sa calzone, plus besoin de lever le petit doigt… il suffit désormais de faire vibrer ses cordes vocales. Le commerce vocal annoncerait-il une nouvelle ère dans le e-commerce ?
Les Américains donnent de la voix !
Amazon et Google n’ont pas daigné prendre part au dernier Retail’s Big Show qui s’est tenu à New York les 14, 15 et 16 janvier derniers. Pourtant, ce sont leurs bébés, Alexa et Assistant, qui ont fait le buzz. Beaucoup avaient rétorqué « Gadget ! » lorsqu’Amazon et Google avaient dévoilé leurs assistants vocaux. Ce n’est vraisemblablement pas l’avis des consommateurs (américains) selon les sondages. eMarketer, Internet Retailer, Toluna et Capgemini se sont intéressés à la question. Synthèse des chiffres fournis par les différentes enquêtes :
- 35 millions d’Américains utilisent une enceinte connectée au moins une fois par mois (eMarketer, 2017) ;
- 44% d’entre eux s’en sont déjà servis pour commander un produit de vive voix (Internet Retailer et Toluna, 2018) ;
- 3% des dépenses totales des utilisateurs de ces enceintes sont déclenchées via un assistant vocal selon Capgemini (2018). Ce chiffre devrait s’élever à 18% à l’horizon 2020, réduisant ainsi la part des achats réalisés dans le point de vente (45%) et via les sites web (37%).
Pour séduire les consommateurs, les fabricants des enceintes connectées misent sur deux atouts infaillibles : le côté « IN » de la commande par la voix, et la simplicité apportée à un geste du quotidien (faire ses courses). « Inscrire 20 ou 30 produits sur une liste de courses est une tâche répétitive et ennuyeuse pour le consommateur », fait remarquer Gerard Prujin, directeur des ventes de la branche distribution de Toshiba pour l’Europe au site LSA-Conso. « La valeur ajoutée apportée au client qui utilise une enceinte au lieu d’un stylo pour effectuer cette tâche est importante ».
L’alimentaire : la voie rapide du commerce vocal
La genèse du commerce vocal se confond avec celle du commerce vocal alimentaire. On doit le lancement de la tendance outre-Atlantique à Domino’s Pizza qui a d’abord fait confiance à la plateforme Alexa d’Amazon (février 2016) avant de compléter son offre avec l’appli Google Assistant en décembre de la même année. Pizza Hut lui emboîtera le pas quelques semaines plus tard.
Dans son élan de diversification, Amazon rachète Whole Foods pour 13,7 milliards de dollars (juin 2017). Et Google de répliquer avec un partenariat ambitieux avec Walmart. Cette dynamique vocale-alimentaire devrait se poursuivre pour déboucher sur un CA annuel de 2 milliards de dollars en 2020. L’Hexagone n’a pas été insensible à cette manne puisque Monoprix a déjà lancé sa liste de courses intelligente pilotée par l’assistant vocal de Google. Bien que ces initiatives visent des consommateurs de plus en plus connectés, l’engouement reste toutefois (très) modéré. Car si le consommateur peut faire confiance à son fournisseur sur un appareil électronique ou un objet de déco, il sera plus réticent à le laisser choisir ses fruits et légumes, ou son filet de bœuf !
Source : La voie du commerce vocal alimentaire vaudra-t-elle 2 milliards ?