Laure Bomy (FNB) se veut rassurante sur les perspectives 2023
Les événements de la deuxième moitié de l’année devraient permettre de tirer un bilan positif pour 2023.
Laure Bomy, directrice générale de la Fédération Nationale des Boissons (FNB), « la profession compte beaucoup sur la saison estivale et la Coupe du Monde de Rugby pour bien terminer l’année 2023« .
Comment se porte la profession dans un contexte toujours aussi tendu pour ne pas dire complexe et incertain ?
L’année 2022 a marqué le retour à l’équilibre de l’activité, avec un chiffre d’affaires identique à celui de 2019, avant la pandémie. Mais dès la fin 2022, période délicate de fin d’année avec les négociations, les inquiétudes ont ressurgi avec la hausse des prix d’achat, de l’énergie et des salaires. L’année s’est soldé avec un taux d’inflation inédit autour de 5,2%. Nos clients ont vu leurs charges exploser, alors qu’ils devaient notamment commencer à rembourser les PGE. Force a été de constater une accélération des difficultés de paiement et des défaillances. Si je qualifie l’année 2022 d’exceptionnelle, pour 2023 je dirai qu’elle s’annonce globalement beaucoup plus compliquée. La profession dégrade ses marges, les défaillances se multiplient et dans des délais souvent très courts, sans passer par la case du redressement judiciaire pour aller directement à la liquidation. Même si le niveau de l’inflation semble fléchir, les taux bancaires sont en regard très élevés et impactent les transactions des fonds de commerce. 2023 pourrait être moins bonne que 2022 avec ses 5 milliards d’euros de volumes d’affaires, mais sans pour autant être qualifiée de catastrophique. La saison estivale et la Coupe du Monde de Rugby pourraient contribuer à compenser un début d’année plus difficile.
Quels nouveaux leviers la profession met-elle en place ?
La consommation est en train de changer de modèle pour s’orienter vers moins de produits mais davantage d’offres premium. A cela s’ajoutent les initiatives autour de la RSE qui se multiplient, constituant ainsi un avantage concurrentiel reconnu. La profession a mis au point son référentiel sectoriel il y a déjà 10 ans, prenant ainsi une belle longueur d’avance. Les entreprises sont auditées tous les ans et continuent à progresser en faveur de la réduction de l’empreinte carbone, d’une meilleure gestion des déchets ou du développement du réemploi. En parallèle, la restauration résiste bien et a déjà engagé en grande partie cette transformation en proposant des cartes plus courtes mais aussi plus qualitatives. Le taux de pénétration des produits locaux ne cesse de progresser. Une autre tendance est également à relever du côté des offres sans alcool qui connaissent une véritable percée, depuis la bière jusqu’aux cocktails.
Quelle est la préoccupation majeure des distributeurs de boissons pour cette deuxième partie de l’année 2023 ?
Incontestablement, la pénurie de salariés dans les domaines du transport et de la logistique. Nous devons davantage attirer et fidéliser. Nous engageons avec les partenaires sociaux de nombreuses actions de communication, comme notre site internet dédié, tandis que nos entreprises mettent en place des initiatives concrètes. Nous poursuivons également nos efforts pour améliorer les conditions de travail, notamment autour du port des charges lourdes. Il y a trois ans, nous avons acté la suppression des fûts de 50 litres. Les entreprises testent également de nouveaux dispositifs comme les porte-fûts ou encore la manipulation par exosquelettes. L’allégement des emballages se poursuit avec l’aide des fournisseurs. D’une manière plus globale, nous cherchons à créer des écosystèmes entre partenaires d’une même chaîne de valeur. Nous sommes tous dépendants les uns des autres, et c’est en réfléchissant ensemble que nous trouverons les meilleures solutions pour répondre aux attentes de nos clients et continuer à développer nos entreprises.
Par AGNÈS DELCOURT – A retrouver en cliquant sur Source
