Le café en grains fait son grand retour

Les ventes de café en grains affichent une croissance de 36 % sur les douze derniers mois. Le marché a doublé en deux ans. Une croissance tout à fait inattendue favorisée par la sensibilité des consommateurs aux déchets d’emballage et un intérêt nouveau pour le café artisanal.

A faire pâlir d’envie… Le café en grains fait un retour impressionnant sur le marché, avec une vigoureuse hausse des ventes de 36 % au cours des douze derniers mois, et un quasi-doublement (+91 %) en deux ans, selon les données IRI. Un retournement de situation pour le moins inattendu.

On croyait le café en grains enterré par l’extraordinaire odyssée de la dosette . En fait, il est sur la voie de la renaissance. A cela plusieurs raisons sans doute, qui ne font pas forcément l’affaire des industriels. A commencer par la prise de conscience écologique des consommateurs, soucieux de générer moins de déchets d’emballage, source de pollution. Conscients de ce mouvement, les acteurs du marché, dont le pionnier suisse Nespresso, investissent beaucoup afin de promouvoir la collecte et le tri. Mais il y a encore du chemin à parcourir. Côté utilisateurs aussi.

La dosette s’essouffle

Le jeu en vaut la chandelle, car la dosette génère une rentabilité incomparable. Le consommateur paie le kilo de café 23 euros lorsqu’il l’achète sous cette forme. En grains, le kilo coûte exactement deux fois moins (11,58 euros), indique IRI. Mais les dosettes ont connu un gigantesque essor en vingt ans grâce aux moyens marketing du géant Nestlé et de l’explosion des ventes en supermarché.

Le marché français des dosettes est estimé à 1,6 milliard d’euros, sur les douze derniers mois, soit huit fois plus que le café en grains et 50 % de plus que « moulu et grains » réunis. Mais il s’essouffle, avec une croissance de 5,6 % sur douze mois, quand le grain progresse six fois plus vite. Sur deux ans, la progression de ce segment a atteint 17,6 % contre 91 % pour le café en grains. Au total, seuls l’important marché du moulu (780 millions d’euros) et le moins gros marché du soluble (450 millions) font grise mine, avec une chute des ventes de près de 5 % pour le premier et de 20 % pour le deuxième.

Grains de luxe

Le café en grains est aussi porté par « l’explosion des ventes » des machines expresso qui assurent leur mouture. Elles ont séduit de nombreux consommateurs malgré leur encombrement et leur prix encore très élevé, à près de 400 euros pour les moins onéreuses. « Compte tenu du coût des machines à grain, on peut dire que la motivation de l’acheteur est plus écologique qu’économique », commente IRI.

La vogue du café en grains dépasse largement les frontières de l’Hexagone . Assez pour que l’italien Lavazza bâtisse en plein Covid-19 une usine spécialement destinée à la production de café en grains de luxe. « C’est un café haute couture fait sur mesure, à la demande du client à partir des meilleurs crus. Il marie l’artisanal et la technologie. Un défi pour nous qui sommes habitués à travailler à l’échelle industrielle », explique Giuseppe Lavazza. Le groupe a investi 10 millions d’euros dans le nouveau site de Turin, baptisé « 1895 ».

En France, la marque italienne a noué un partenariat avec le chef étoilé Alain Ducasse, qui signe ce produit de luxe de son nom : « Le café Alain Ducasse avec 1895 by Lavazza ». Il est également proposé sous cette marque aux Pays-Bas, en Belgique et au Japon dans une gamme de prix allant de 70 euros le kilo à 120 euros, contre 15 à 20 euros le kilo de Lavazza en supermarché. En Italie, la marque se limite à « 1895 ». Le patron italien veut introduire ce café dans la restauration et l’hôtellerie très haut de gamme, ainsi que dans les maisons de mode. Les discussions avec Dior ont commencé.

Article de Marie-Josée Cougard – A retrouver en cliquant sur Source

Source : Le café en grains fait son grand retour | Les Echos