Le café, un marché mondialisé sans régulation
Même si les récoltes de grains sont abondantes, plus de 125 millions de paysans prenant soin des caféiers, vont se faire éjecter du marché par les poids lourds.
Arabica, Robusta voir même un savoureux mélange des deux : quel que soit vos goûts vous ne manquerez pas de café dans les mois qui viennent. En effet, les récoltes de grains sont abondantes et jamais depuis 15 ans le cours du café n’a été aussi bas et sa consommation dans le monde, aussi massive.
Il serait donc facile d’imaginer un avenir radieux pour les agriculteurs et bien non. Les analystes qui se piquent de lire dans le fond de leur tasse trouvent que cet état des lieux annonce le pire. Produire beaucoup et de bonne qualité est une menace pour les producteurs de café, voilà le raisonnement des places de marché actuellement.
La bonne récolte qui s’annonce va gonfler celle historique du Brésil de l’an dernier. Résultat, les fonds d’investissements spéculatifs joue le café à la baisse. Ils ont déjà fait chuter le cours du sac de 60kg, l’unité de base, de 20% en 10 mois et ils poursuivent leurs actions. Depuis janvier les cours ont encore fléchi de 8% et comme ce monde n’en a jamais assez, ils continuent de jouer le café à la baisse. Un pari qui peut leur rapporter gros mais qui est destructeur sur la durée.
Un désastre social en perspective
Aujourd’hui, 5 pays alimentent à eux seuls 70% du marché mondial. Pour les grandes exploitations notamment celles du Brésil, le choc pourrait être relativement amorti. Mais pour tous les autres, les 25 millions de petits planteurs de café dans le monde qui travaillent dans la quasi-totalité des mini exploitations, le choc va être ingérable.
C’est donc un véritable désastre social qui s’annonce. Ces petits paysans, qui sont au total plus de 125 millions à prendre soin des caféiers, vont se faire éjecter du marché par les poids lourds. En Colombie par exemple, leurs prix de vente sont d’ores et déjà inférieurs à leurs coûts de production. Ce schéma on le connait. Il est terrible : ces planteurs toujours sur le fil ne vont pas faire face et la filière, s’ils disparaissent en masse, sera alors à la merci d’un épisode climatique violent.
De plus, il n’y a quasiment aucune chance que les industriels de l’agroalimentaire et du commerce répercutent cet effondrement sur les prix de votre Arabica préféré ou vos dosettes du petit matin. Les consommateurs n’y seront donc pas gagnants, ce qui confirme que le café est un marché mondialisé sans aucun mécanisme de régulation.
Les Plus
– Smart abandonne la Moselle pour la Chine. Un SUV Mercedes devrait prendre le relais.
– Carrefour prépare un accord de rupture conventionnel collectif. 1500 postes concernés.
La Note
13/20 à Gérald Darmanin. Le ministre du Budget a été touché par le bons sens : il n’y aura plus de déclaration fiscale pour les ménages dont la situation n’a pas changé dans l’année. 5 millions de famille sont concernées.