Le changement climatique menace le houblon, et la qualité de la bière
Selon une étude publiée par Nature Communications, les récoltes de houblon, indispensable à la confection de la bière, ont fortement perdu en qualité et en quantité en Europe à cause des aléas climatiques. Explications.
Inquiétude pour les amateurs de mousse. Selon une étude publiée cette semaine par la revue scientifique Nature Communications, le changement climatique à l’oeuvre perturbe fortement la culture du houblon en Europe. Une plante indispensable à l’élaboration de la bière, troisième boisson la plus consommée au monde (après l’eau et le thé).
Si les ingrédients de base d’une bière restent l’eau et des céréales (blé, orge…), c’est le houblon qui apporte l’amertume et les saveurs tant appréciées du breuvage. Cette plante vivace est d’ailleurs parfois surnommée « l’épice de la bière ».
Rendements en chute libre
Et cette épice est en danger. Les auteurs de l’étude, publiée mardi dans la prestigieuse revue britannique , ont observé l’évolution de certaines exploitations dans cinq régions houblonnières en Allemagne, en Slovénie et en République tchèque, qui représentent près de 90 % de la production européenne de la précieuse plante.
Sur quatre sites étudiés, les rendements ont baissé de 9,5 % à 19,4 % sur la période 1995-2018 par rapport à la période 1971-1994, et sont restés stables sur un cinquième site. Parallèlement, la hausse des températures a avancé de plusieurs jours les principales étapes du développement du houblon, jouant ainsi sur la concentration en acides alpha, le composé de cette plante qui permet de sublimer la bière.
En extrapolant à partir de ces données, les chercheurs prédisent un déclin de rendements du houblon allant de 4 % à 18 % sur la période 2021-2050 contre la période 1989-2018, et un abaissement des taux d’acides alpha de 20 % à 31 %.
La revanche du houblon
Des données inquiétantes pour une filière qui commençait à peine à sortir la tête de l’eau. Ces dernières décennies, les houblonniers avaient pâti du recul des ventes de bière en Europe. En Alsace, région brassicole par excellence, de nombreux producteurs avaient été forcés d’arracher leurs plants , faute d’acheteurs.
Mais pour ceux qui ont fait le dos rond, une nouvelle période dorée s’est ouverte ces dernières années. Leurs sauveurs ? Les brasseries artisanales, dont le nombre ne cesse de croître. De nouveaux acteurs qui recherchent un houblon de qualité, et surtout local.
De l’ombre et de l’eau
Les chercheurs appellent ainsi à des « mesures d’adaptation urgentes ». Dans l’ensemble du sud et du centre de l’Europe, « il sera nécessaire d’augmenter de 20 % la superficie consacrée au houblon aromatique par rapport à la superficie actuelle pour compenser la future baisse de la concentration en acides alpha (et/ou en production de houblon) », avance l’étude.
Problème, le houblon est une plante délicate, qui nécessite un sol et un climat bien particulier pour prospérer. Une autre solution envisagée, le déménagement des cultures vers des territoires maintenant mieux adaptés, nécessiterait une logistique particulièrement complexe.
Sur le court et moyen terme, les producteurs vont donc devoir adapter leurs méthodes de travail, en revoyant par exemple l’ombrage et l’irrigation de leurs plantations, et ainsi continuer à satisfaire les gosiers les plus délicats.
Avec agences
Par Alexandre Rousset – A retrouver en cliquant sur Source
Source : https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/le-changement-climatique-menace-le-houblon-et-la-qualite-de-la-biere-1987130 Les Echos