Le palmarès 2019 des centres-villes les plus dynamiques de la fédération Procos rassemble les remèdes anti-désertification des rues commerçantes.

« De nombreux centres-villes rencontrent aujourd’hui des difficultés ». Les experts de Procos rajoutent une pierre au mur des lamentations des commerçants. La fédération des enseignes spécialisées (plus de 300 marques) ne se contente pourtant pas de jouer les Cassandre. Non seulement, le phénomène vaut surtout pour les villes moyennes, mais encore les initiatives se multiplient pour l’enrayer. Procos publie ce mercredi son palmarès des centres-villes les plus dynamiques. « Les difficultés sont réelles et ont été accentuées par les manifestations des ‘gilets jaunes’. Mais il y a une véritable prise de conscience des acteurs », résume le délégué général de l’organisation, Emmanuel Le Roch.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le taux de vacance, qui mesure la proportion de boutiques vides, est monté à 11 % en 2018, contre 7,2 % en 2012. « Seulement un tiers des centres-villes demeure sous la barre symbolique des 10 %, contre la moitié en 2015 », note Procos. La désertification – relative – de la rue principale est en marche. La fréquentation des magasins qui restent ouverts baisse de 5 % par an en moyenne depuis cinq ans. Les chiffres s’infléchissent de 1 à 2 % par année.

Les « gilets jaunes » ont appuyé sur des plaies déjà ouvertes. A Paris, par exemple, la Chambre de commerce a compté 550 commerces victimes des saccages, lesquels ont perdu de 30 à 40 % de leur chiffre d’affaires. La déconsommation, qui fait chuter le marché de l’équipement de la personne, la concurrence du e-commerce, les politiques urbaines rendant difficiles l’accès aux centres-villes, l’implantation de grandes surfaces et de centres commerciaux en périphérie : les causes premières des souffrances des commerçants de centre-ville sont nombreuses.

Managers de centre-ville

Signe des temps, en périphérie de Rennes, le projet Open Sky de la Compagnie de Phalsbourg est remis en question, bien qu’il ait passé tous les obstacles réglementaires et judiciaires. Le président de la région Bretagne, Loïg Chesnais-Girard, qualifie cette zone commerciale de 40.000 mètres carrés (à l’étude) de « projet anachronique ». Procos recense 5 millions de mètres carrés de surfaces commerciales en projet. « A court terme, cela peut rapporter du cash, mais, à long terme, cela détruit et abîme nos centres-villes », estime le patron de région.

Cette prise de conscience pousse les élus à l’action. L’Etat a décidé d’investir 5 milliards d’euros dans le plan Action coeur de ville, pour 222 communes. De nombreuses autres collectivités se mobilisent sans attendre. Toutes appuient sur les mêmes leviers : nomination de « managers de centre-ville », création d’événements pour attirer du monde, facilitation des accès en voitures comme en transports en commun, préemption de locaux à des fins de remembrements. « La mixité des activités, commerces, artisanat, bureaux, administrations, comme le mélange entre les enseignes nationales et les commerçants locaux suscitent attractivité et différenciation », rappelle Emmanuel Le Roch.

Les centres-villes militent également pour le retour des métiers de bouche. La ville d’Annecy n’hésite pas à subventionner les bouchers, quand Clermont-Ferrand a fait renaître des halles gourmandes.

Le palmarès 2019 de Procos met en valeur ces meilleures pratiques : Clermont-Ferrand (encore), Strasbourg et Lyon Presqu’Île pour les métropoles ; Annecy et Quimper (meilleures évolutions) et Amiens (meilleur centre) pour les grandes villes moyennes ; Gap, Vichy (en évolutions) et Compiègne pour les petites villes moyennes. Les territoires ne se résignent pas à une lente agonie.

Le palmarès Procos 2019 des centres-villes commerçants les plus dynamiques

Procos fédère plus de 300 enseignes spécialisées et distingue depuis trois ans les coeurs de ville les plus actifs en faveur de leurs commerces. Le classement 2019 associe les villes les meilleures et celles qui évoluent le mieux dans trois catégories : les métropoles, les grandes villes moyennes et les petites villes moyennes.

La Presqu\'Ile de Lyon décroche le titre de meilleur centre-ville marchand d\'une métropole. La fédération Procos note « un mix marchand très attractif avec les grandes enseignes nationales, un secteur luxe ainsi que des indépendants ». Clermont-Ferrand et Strasbourg enregistrent les meilleures évolutions. La capitale auvergnate a recruté un manager de centre-ville, investi dans l\'événementiel et mis en avant une halle de marché. Strasbourg n\'enregistre que 4 % de locaux vacants avec en son centre, à côté des boutiques, des logements et des services de santé. - Stéphane Audras/REA
La Presqu’Ile de Lyon décroche le titre de meilleur centre-ville marchand d’une métropole. La fédération Procos note « un mix marchand très attractif avec les grandes enseignes nationales, un secteur luxe ainsi que des indépendants ». Clermont-Ferrand et Strasbourg enregistrent les meilleures évolutions. La capitale auvergnate a recruté un manager de centre-ville, investi dans l’événementiel et mis en avant une halle de marché. Strasbourg n’enregistre que 4 % de locaux vacants avec en son centre, à côté des boutiques, des logements et des services de santé. – Stéphane Audras/REA
Le centre de Quimper accueille près d\'un million de touristes chaque année grâce à la beauté de son centre-ville. Les commerces n\'ont pas toujours suivi cet engouement. En 2018, 14,4 % des locaux étaient vacants. La ville a donc instauré la gratuité des bus le samedi, encouragé le retour d\'habitants au centre et taxé les friches commerciales pour inciter les propriétaires à baisser leurs loyers. De son côté, Annecy a refait sa gare et ses alentours et maîtrise le développement des pôles commerciaux périphériques. Amiens emporte la palme de la catégorie villes moyennes avec un centre-ville commerçant facile d\'accès, des administrations et leurs personnels près des quartiers commerçants. - Fred Tanneau/AFP
Le centre de Quimper accueille près d’un million de touristes chaque année grâce à la beauté de son centre-ville. Les commerces n’ont pas toujours suivi cet engouement. En 2018, 14,4 % des locaux étaient vacants. La ville a donc instauré la gratuité des bus le samedi, encouragé le retour d’habitants au centre et taxé les friches commerciales pour inciter les propriétaires à baisser leurs loyers. De son côté, Annecy a refait sa gare et ses alentours et maîtrise le développement des pôles commerciaux périphériques. Amiens emporte la palme de la catégorie villes moyennes avec un centre-ville commerçant facile d’accès, des administrations et leurs personnels près des quartiers commerçants. – Fred Tanneau/AFP
Parmi les petites villes moyennes, Procos distingue, au titre de la meilleure évolution, Vichy et son projet coeur de ville qui combine urbanisme, logements, accessibilité et appui financier pour les nouvelles enseignes. Dans la même catégorie, Gap a mis en place un dialogue actif avec les propriétaires de locaux commerciaux vacants. Compiègne remporte la palme du meilleur centre grâce à son travail sur sa zone de chalandise, ses accès et son offre immobilière. - Richard Damoret/REA
Parmi les petites villes moyennes, Procos distingue, au titre de la meilleure évolution, Vichy et son projet coeur de ville qui combine urbanisme, logements, accessibilité et appui financier pour les nouvelles enseignes. Dans la même catégorie, Gap a mis en place un dialogue actif avec les propriétaires de locaux commerciaux vacants. Compiègne remporte la palme du meilleur centre grâce à son travail sur sa zone de chalandise, ses accès et son offre immobilière. – Richard Damoret/REA