Le foodservice devient la restauration hors-et-à-domicile

L’avenir de la restauration se jouera-t-il à domicile ? La question de pose en regardant, et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, la très inspirante success-story d’une jeune pousse comme Frichti, spécialisée dans la livraison de plats à domicile, qui a réussi son 3e tour de table avec une levée de fonds de pas moins de 30 millions d’euros ! Les investisseurs se bousculent au portillon du manger chez soi (Felix Capital, Verlinvest…), et le créneau devient intensément concurrentiel (UberEats, Deliveroo, Stuart…). Le phénomène n’est pas une tendance éphémère. Il répond à une mutation progressive de nos habitudes alimentaires qui, à défaut de le structurer, s’adaptent désormais à notre mode de vie et se plient à ses exigences. Le temps d’alimentation est un temps choisi. Mais la sédentarisation alimentaire n’est pas la seule tendance du secteur de la restauration hors-et-à domicile©. Quel avenir pour le repas ?

La Restauration Hors… et À domicile

 

Restauration Hors Foyer (RHF), Restauration Hors Domicile (RHD), Consommation Hors Domicile (RHD)… un florilège d’acronymes contesté et contestable ! Face à l’incursion remarquée de la livraison à domicile des repas et denrées fabriquées ou transformées dans les restaurants, peut-on encore affubler la restauration de cette acronyme anachronique ?La réponse est « Non ».

 

D’abord par cohérence linguistique, puis par la force des faits : alors qu’elle s’est contentée de se frayer un chemin à l’abri des spotlights dans nos habitudes alimentaires depuis le début des années 2000, la livraison à domicile a porté l’estocade en 2016 avec une belle croissance à deux chiffres… ce qui rend ses fameuses appellations d’autant plus obsolètes. Un nouveau patronyme, plus funky et surtout plus vrai est de mise. La RHF devient la RHAD pour Restauration Hors-et-à Domicile®.

 

Le Fast Casual, les Coffee Shops et la livraison à domicile en pôle position

 

Les chiffres du rapport de PRECEPTA réalisé fin 2016 par le groupe XERFI sur la restauration commerciale résument :

  • La concurrence s’exacerbe sur les trois grands axes de la restauration commerciale : la restauration traditionnelle, les cafétérias et la restauration rapide. Le CA 2017 s’élève à environ 54 Md€, soit une progression de 5% en 3 ans pour quelque 110 000 établissements recensés ;
  • C’est le segment de la restauration rapide qui regroupe les créneaux les plus dynamiques : le Fast Casual, les Coffee Shops et la livraison à domicile. Après avoir fait des émules outre-Atlantique, la livraison s’est logiquement frayé un chemin dans l’Hexagone ;
  • Les acteurs les plus agressifs restent les chaînes de restauration. Burger King a par exemple boosté son parc de 45% en 2015 ;
  • Il est intéressant de noter que la croissance des réseaux est supérieure à celle de l’activité, ce qui entraîne donc un repli logique du CA moyen par établissement.

Du côté des restaurateurs, l’heure est à l’adaptation. Ils sont en effet soumis à l’ultra-concurrence protéiforme d’acteurs situés en dehors de la frontière historique du secteur. On parle ici des Grandes Surfaces Alimentaires (GSA) qui dotent leurs hyper et supermarchés ainsi que leurs magasins de proximité de corners de restauration (partenariat Franprix – Allo Resto, entre autres). La concurrence des GSA devrait encore prendre de l’ampleur : elles ont en effet posé une option sur le e-commerce en zone urbaine pour capitaliser sur l’amazonisation de la restauration ou l’arrivée tonitruante des géants du e-commerce généraliste sur le marché de la Restauration hors-et-à domicile®.

 

Amazon a d’ailleurs déjà installé ses entrepôts à Rungis, plateforme nationale incontestée de la restauration… Les boulangeries-pâtisseries se positionnent elles aussi en étoffant leur offre de restauration et les Food Tech multiplient les nouveaux concepts avec la vente à distance de plats préparés en cuisine et le partage de repas chez l’habitant.

 

La livraison à domicile porte l’estocade en 2016

 

L’Euro 2016 n’a peut être pas porté chance aux Bleus, mais les professionnels de la livraison à domicile, notamment les pure players, ont souri à pleines dents. Il faut dire qu’ils avaient mis les petits plats dans les grands pour faire du chiffre. Certains ont même joué leur survie, comme TakeEatEasy qui a mis la clé sous le paillasson. 2016 a été marquée par l’arrivée de UberEATS, mais aussi et surtout par l’offensive de Deliveroo qui a porté l’estocade en s’implantant sur les grandes villes. Résultat des courses : la livraison a accaparé 15% des dépenses sur toutes les commandes du soir en restauration rapide en juin 2016. On parle d’une progression à deux chiffres estimée à 35% en 2016 avec 1,7 milliard d’euros de commandes livrées.

 

Le panel CREST – NPD Group s’est intéressé aux tenants de cet engouement. Trois facteurs significatifs ont été isolés :

  • La cuisine est perçue comme une « corvée » par 20% des aficionados de la livraison ;
  • L’envie de faire plaisir aux enfants et aux amis motive 17% des clients livrés ;
  • Le manque de temps est cité par 12% des sondés.

L’ascension fulgurante de la livraison n’a pas faibli en 2017, la valse incessante des coursiers de Deliveroo, Foodora, Allo Resto et autres Frichiti l’illustre parfaitement. NPD note déjà une hausse de 20% entre octobre 2016 et mars 2017.

source : http://blog.linnovore.com/restauration-hors-et-a-domicile-et-explosion-de-la-livraison