Le leader mondial du secteur va diviser son dividende par deux afin de diminuer une dette abyssale de plus de 108 milliards de dollars.

Gueule de bois pour ABInbev, le leader mondial de la bière ? Après avoir successivement  englouti Anheuser Busch et le numéro deux mondial SABMiller , le géant belgo-brésilien s’inquiète du niveau d’une dette de 108,8 milliards de dollars et d’un risque de perte de confiance des investisseurs. Pour résoudre ce problème, le brasseur a informé les marchés qu’il allait diviser par deux les dividendes, à 1,80 euro par action. Une rupture pour un groupe connu pour être le plus généreux du secteur des boissons et de l’alimentation en matière de dividendes. Le produit de l’opération, 4 milliards de dollars sera entièrement affecté à allégement de la dette. ABInbev aimerait ramener celle-ci à près de deux fois l’Ebitda dans les années à venir. Mais l’objectif est ambitieux. En 2020, Jefferies estime qu’elle représentera encore 3,8 fois l’Ebitda.

Une chute de l’action

Qui plus est, ABInbev, dont le cours de Bourse cédait 10 % jeudi, a subi plusieurs désagréments au cours des mois écoulés, dont une nette baisse de ses ventes sur ses deux premiers marchés, les Etats-Unis (-3,1 %) et le Brésil (-3,5 %) et un résultat un peu inférieur à ses attentes. Aux Etats-Unis, la hausse du prix de l’aluminium a impacté son bénéfice tandis qu’au Brésil, c’est la baisse du pouvoir d’achat qui a pesé sur les ventes.

A cela il faut encore ajouter la volatilité des monnaies sur les marchés émergents, qui, converties en dollars impactent les bénéfices. Autant d’éléments qui ont, avec la division du dividende fait plonger l’action de plus de 10 % à la Bourse de Bruxelles, sa plus forte baisse depuis 2008. Au total, le titre a perdu 29 % depuis le début de l’année, ramenant la capitalisation du groupe à 110 milliards de dollars.

Dans ce contexte, les investisseurs attendent désormais de voir les capacités de ABInbev à relancer la croissance du brasseur plutôt qu’à seulement réduire les coûts. Les promesses du directeur financier, Felipe Dutra, d’un retour à des dividendes « un peu plus généreux d’ici un an ou deux » n’ont pas fondamentalement changé leur état d’esprit.

Le géant de la bière ABInbev met ses actionnaires au régime sec

Heineken le vent en poupe

Dans le même temps, les numéros deux et trois de l’industrie de la bière, Heineken et Carlsberg ont annoncé mercredi des résultats en progression.  Le brasseur néerlandais a dégagé un bénéfice net en hausse de 8,1 % sur les neuf premiers mois à 1,61 milliard d’euros grâce à un beau et long été. Au troisième trimestre, ses ventes en volume ont augmenté de 9,2 % dans le monde, enregistrant une croissance à deux chiffres au Brésil, en Afrique du Sud, en Russie et dans plusieurs pays européens. La progression a même dépassé les 17 % dans la grande région Afrique, Moyen-Orient et Europe de l’est. Aux Etats-Unis elle est proche de 15 %. Seule l’Asie Pacifique s’inscrit en recul (-6,4 %). Profitant de ses succès, Heineken a annoncé cet été l’acquisition de 40 % du premier brasseur chinois, China Resources Beer, qui lui permettra de prendre pied sur un énorme marché.

Carlsberg porté par la météo

Le numéro trois Carlsberg a quant à lui relevé sa prévision de bénéfice pour l’année, suite au bond des ventes constaté au troisième trimestre sous l’effet d’une météo très favorable en Europe. Son bénéfice et son chiffre d’affaires ont été supérieurs au troisième trimestre. Le brasseur danois table sur une croissance organique de 10 à 11 % de son résultat opérationnel contre un peu moins de 10 % précédemment.