
Coronavirus : le gin et le rhum très en forme dans un marché des alcools déprimé
Le gin et le rhum se portent bien. Encore mieux depuis le confinement. En revanche, la tendance à la déconsommation d’alcool se poursuit. La décroissance du marché s’est accélérée sous l’effet de la loi Egalim et de la crise sanitaire, selon la Fédération française des spiritueux.
Passé le choc des deux premières semaines, les Français ont eu envie de bonnes bouteilles et de cocktails, ce qui a boosté les ventes de gin (+14 %) et de rhum (+7,5 %) en avril. Mais cela n’a pas suffi à inverser la tendance du marché . Les viticulteurs ont dû se résoudre à distiller des centaines de milliers de litres de vin en mal d’acheteurs et les entreprises de spiritueux déplorent une « accélération de la dégradation du marché ».
Plus que le confinement, la Fédération française des spiritueux (FFS) pointe du doigt les effets de la loi Egalim sur les ventes. Celles-ci avaient déjà reculé de 3,5 % en 2019 en grande distribution, selon Nielsen. « Nous avons perdu 1,3 million de caisses de neuf litres en douze mois, essentiellement des anisés et du whisky », déplore le président de la FFS, Michel Gayraud.
Baisse structurelle
Tous les alcools ne sont pas logés à la même enseigne. Les ventes de whiskies, qui à elles seules représentent 40 % du marché national, ont diminué de 5 %, tandis que celle des anisés chutait de 8 %. Structurellement, la consommation de spiritueux depuis des années perd entre 1 et 2 %. Mais, selon Michel Gayraud, le relèvement de 10 % du seuil de revente à perte (SRP) mis en oeuvre par la loi Egalim , qui mécaniquement pèse sur les prix, s’avère un accélérateur de tendance. Il serait responsable d’une diminution de 7 à 8 % des ventes.
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La FFS demande au gouvernement de revenir sur les modalités de mise en oeuvre de cette disposition. Malgré l’adoption en urgence, il y a quelques jours, du projet de loi prolongeant pour 30 mois l’interdiction de revente à perte et l’encadrement des promotions, elle souhaiterait que le relèvement de 10 % du SRP ne s’applique qu’au prix amputé des 70 % de taxes frappant les alcools.
Entreprises fragilisées
D’autant que le marché s’est encore dégradé depuis le début de l’année avec la fermeture des restaurants et le coup de frein à l’export du fait de la pandémie de coronavirus. A fin avril, les ventes de spiritueux ont baissé de 4,1 % sur douze mois glissants, indique Nielsen. Au cours du seul mois d’avril, elles ont plongé de 8,1 %. La fermeture des cafés et l’arrêt de la vente en direct sur les sites industriels également clos pèsent lourdement sur l’activité. De quoi fragiliser de nombreuses entreprises, souligne la FFS. La moitié des producteurs d’alcools réalisent entre 10 et 30 % de leur chiffre d’affaires dans les cafés et la restauration. Pour 15 % d’entre elles, les ventes en direct représentent la moitié de leur activité.
Deux tiers des entreprises ont eu recours au chômage partiel ouvert par le gouvernement depuis l’offensive de coronavirus et profité du report de charges. La moitié a souscrit à des prêts de trésorerie. « Aujourd’hui, l’urgence est de rouvrir la restauration et les cafés, et de redonner la possibilité aux amateurs de réaliser des achats en direct sur les sites de production », estime Michel Gayraud. « Le plus important serait d’abaisser le taux de TVA appliqué aux restaurants de 20 à 10 % comme sur le reste de l’alimentation. Cela donnerait un peu d’air au CHR », ajoute-t-il. La FFS demande, en outre, l’exonération des charges patronales et la facilitation des provisions réglementées afin de relancer l’investissement.
Par Marie-Josée Cougard A retrouver sur Source en cliquant sur source
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