Le marché français des spiritueux pénalisé par la crise des « gilets jaunes »

Les ventes de spiritueux ont baissé tant en volume qu’en valeur en France en 2018. Le marché national a pâti d’un « contexte économique et sociétal instable », selon la Fédération française des spiritueux (FFS).

Les whiskies demeurent de très loin la famille d’alcools la plus consommée en France. Ils se taillent la part du lion avec 37 % de l’ensemble des spiritueux devant les anisés (21 %) et les rhums (12 %)

Les ventes de spiritueux en France ont souffert de l’impact des manifestations des « gilets jaunes » l’ an dernier. Les conditions météorologiques ont également joué négativement, si bien que le marché hexagonal a baissé en grande distribution de 2,1 % en volume, à 275 millions de litres selon la Fédération Française des spiritueux (FFS), et de 1,34 % en valeur, à 4,72 milliards d’euros. Alors que la « fin de l’année représente de 35 % à 40 % des ventes pour certains spiritueux », le commerce a été « perturbé par le mouvement des gilets jaunes », a expliqué le président de la fédération, Michel Gayraud. L’année précédente, le marché était resté plus ou moins stable.

Ce décrochage marque un contraste saisissant avec la santé plutôt florissante des exportations, en progrès de près de 2 %, tant en volume qu’en valeur. Les ventes en France restent cependant encore supérieures aux ventes à l’étranger (4,3 milliards d’euros).

Forte croissance de rhum et du gin

Tous les spiritueux ne sont pas logés à la même enseigne dans cet environnement hexagonal maussade. Ainsi les rhums, la troisième catégorie d’alcool la plus consommée en France, se démarquent fortement avec un bond de 5,7 % en valeur et de 3,3 % en volume. C’est également vrai des gins, qui ont progressé de 7,6 % en valeur pour une hausse de 2,4 % en volume.

La première locomotive du marché reste l’innovation. L’offre a continué de monter en gamme « pour répondre aux nouvelles attentes des consommateurs », affirme la FFS.

Prix en hausse de 5 à 8 %

Les prix en rayon ont augmenté de 5 à 8 %, avec  le relèvement de 10 % du seuil de revente à perte, découlant de l’entrée en vigueur de la loi sur l’alimentation, dite « Egalim » . Une évolution qui n’a pas profité aux entreprises. Au contraire. « Dans un contexte de rentabilité décroissante, il apparaît de plus en plus nécessaire d’enrayer la guerre des prix destructrice pour les fournisseurs », souligne la FFS.

Les entreprises du secteur se plaignent également d’une pression fiscale « extrêmement forte, qui augmente dans ce contexte et nuit à la compétitivité du secteur ». Sur un produit de 40 % d’alcool à 15 euros, les taxes s’élèvent à 11,80 euros. Avant TVA, les recettes fiscales sur les spiritueux ont atteint 3 milliards d’euros en 2018.

Les ventes dans les cafés, hôtels et restaurants (un peu plus de 10 % des volumes commercialisés par la distribution) ont reculé (-1,46 %) comme en GMS. Les gins en revanche y ont fait un score impressionnant (+19 %). Les amers (+8,3 %) et les rhums (+2,4 %) poursuivent leur progression. Porté par la mode du cocktail, le nombre de références a beaucoup augmenté. Il bénéficie aux PME et TPE.

D’une manière générale, les whiskies demeurent de très loin la famille d’alcools la plus consommée en France. Ils se taillent la part du lion avec 37 % de l’ensemble des spiritueux devant les anisés (21 %) et les rhums (12 %).

Source : Le marché français des spiritueux pénalisé par la crise des « gilets jaunes » | Les Echos