Les marques françaises, comme le lait Centrale, ont bonne réputation au Maroc.

Le Maroc, terre de croissance des géants français de l’alimentation

Le royaume est le premier pays invité d’honneur du Salon international de l’agriculture. Cela fait suite au réchauffement des relations diplomatiques entre Paris et Rabat, et rappelle la place importante de l’agroalimentaire français au Maroc.

Les marques françaises, comme le lait Centrale, ont bonne réputation au Maroc. (Mosa’ab Elshamy/Ap/SIPA)

Le Salon international de l’agriculture met, pour la première fois en soixante et un ans d’existence, un pays invité à l’honneur. Le choix de l’équipe d’organisation s’est porté sur le Maroc. Heureuse coïncidence, alors que les relations diplomatiques entre Paris et Rabat sont en plein réchauffement. Le royaume sera également invité d’honneur au Sommet de l’élevage à Clermont-Ferrand en octobre, alors que la France sera mise à l’honneur lors du Salon de l’agriculture marocain (Siam).

Si les échanges entre les deux pays sont très dynamiques – la France a exporté pour 610 millions d’euros de produits agricoles, sylvicoles et halieutiques vers le Maroc et importé pour 1.400 millions d’euros depuis le royaume en 2023 -, le pays maghrébin est aussi une terre fertile pour les industries agroalimentaires françaises.

Plusieurs grands groupes français y sont très implantés, comme Danone, Bel ou encore Avril (propriétaire de Puget et Lesieur notamment). « Dans le secteur de l’agriculture et de l’agro-industrie, une centaine d’entreprises françaises ou à participation française sont présentes au Maroc », souligne l’agence de développement agricole (ADA) du pays auprès des « Echos ».

Une porte d’entrée sur l’Afrique

Le Maroc est un marché dynamique, où la demande est soutenue et où la réputation des marques françaises est très bonne. « La Vache qui rit est une icône locale, présente dans neuf frigos sur dix », se félicite par exemple Jérôme Garbi, directeur général pour la zone Europe, Afrique, Moyen-Orient du groupe Bel. Idem pour le lait frais et les yaourts Danone. De son côté, Lesieur Cristal – dont Avril est actionnaire majoritaire – est leader sur l’huile de table dans le pays.

Le Maroc est aussi, pour les agro-industriels français, une porte d’entrée sur l’Afrique. « C’est une tête de pont stratégique », souligne Emmanuel Manichon, directeur général d’Avril Grande consommation et Avril Première transformation & Energies renouvelables. « Nous exportons 25 % de notre production vers une trentaine de pays sur le continent », explique-t-il. Lesieur Cristal est également depuis 2021 chargé du développement des actifs d’Avril, présent par ailleurs en Tunisie et au Sénégal, dans l’ensemble de l’Afrique.

« Cela est un fruit évident de la géographie, et le Maroc est le pays du Maghreb qui fonctionne le mieux dans ses relations avec la France », souligne Fabrice Lelouvier, directeur Maroc de Business France. Selon lui, « il y a un avant et un après » le réchauffement des relations diplomatiques. « Nos relations sont plus compliquées avec l’Algérie, donc il y a aussi un effet de transfert. » Sans compter que le royaume dispose de moyens logistiques modernes et efficaces.

Une agriculture en développement

En amont, le Maroc est engagé dans un plan de développement et de modernisation de son agriculture. Le plan « Maroc Vert » lancé en 2008 a permis de doubler le PIB agricole en dix ans et de multiplier par 2,4 les exportations. Son successeur, le plan « Génération verte 2020-2030 », préparé en concertation avec les filières agricole et agroalimentaire, animées entre autres par des entreprises françaises, prévoit une augmentation de 2,5 % du budget du secteur. « Le Fonds de Développement Agricole dédié à l’investissement prévoit des subventions couvrant une vaste gamme de composantes d’investissement, en faveur des opérateurs marocains et étrangers et ce, tout au long de la chaine de valeurs » agroalimentaire, précisé l’ADA.

« Le Maroc et la France développent et encouragent les contacts entre les professionnels de l’agriculture et de l’agroalimentaire. »

« L’un des objectifs, c’est le repeuplement du cheptel bovin décimé par le Covid et la sécheresse », explique Rachid Khattate, secrétaire de Centrale Danone et président de Maroc Lait. « Et on achète principalement des génisses de France ! » Lesieur Cristal prévoit de son côté de doubler la surface de ses oliveraies, pour atteindre 3.000 hectares et 20 % de colza et tournesol produit localement dans ses achats.

Un pays de talents

Lorsque l’on évoque le Maroc, les interlocuteurs interrogés soulignent également spontanément la qualité de la main-d’oeuvre locale. « Il y a de très bonnes écoles d’ingénieurs, de commerce, de très bons centres de formation professionnelle publics, etc. », souligne Rachid Khattate. Le plan « Génération Green » fait d’ailleurs de la question de la formation une priorité.

« La qualité de l’enseignement au Maroc est très élevée, et une bonne partie des étudiants du supérieur font une partie de leurs études en France, ils ont donc une très bonne culture franco-marocaine », ajoute Emmanuel Manichon, ce qui facilite les échanges de part et d’autre de la Méditerranée. Les deux Etats développent et encouragent d’ailleurs les contacts entre les professionnels de l’agriculture et de l’agroalimentaire. Les Français scrutent notamment de près les parades trouvées par leurs confrères marocains pour gérer le stress hydrique.

A l’inverse, grâce à son « usine de pointe » de Tanger, Bel exporte les savoir-faire de ses employés marocains partout où le groupe est présent. « On envoie des employés marocains en France, dans nos usines en France, au Canada, aux Etats-Unis pour partager leurs expertises techniques », souligne Jérôme Garbi. L’usine de Tanger a d’ailleurs été choisie par le groupe pour un gros programme de digitalisation des outils de production en partenariat avec Dassault Systèmes. Signe que le Maroc est un pays d’avenir pour ces groupes.

Par Paul Turban – A retrouver en cliquant sur Source

Source : https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/le-maroc-terre-de-croissance-des-geants-francais-de-lalimentation-2150273