Le meilleur ennemi de Leclerc prend la tête des industriels alimentaires

Richard Girardot, ancien président de Nestlé France, est élu à la tête de l’Ania. L’industriel s’est déjà fait remarquer par ses prises de position contre les abus de la grande distribution. Blogueur et actif sur les réseaux sociaux, il sera le pendant parfait, côté industriels, de Michel-Édouard Leclerc, avec qui il a d’ailleurs pris l’habitude d’échanger des piques.

Richard Girardot fait partie de ces rares patrons qui ne craignent pas de pointer, à visage découvert, les dérives de la grande distribution. Le président de Nestlé France ne risquait pas, il est vrai, de mesures de rétorsion directe sur l’une ou l’autre de ses marques. Mais en se prêtant au jeu du lobbying (car c’est de cela qu’il s’agit), il a parfois poussé le bouchon jusqu’à la caricature, en même temps qu’il était lui-même l’objet de critiques empreintes d’une certaine mauvaise foi.

« Négociations délirantes »

Il a fait de Michel-Édouard Leclerc son adversaire favori, qui le lui a bien rendu. Il n’a eu de cesse, ces dernières années, de déplorer le « cynisme coupable » du distributeur, son obsession « des prix moins chers », « sans se soucier des hommes et des femmes ». Il a plus généralement, à longueur d’interviews, dénoncé les « promotions folles » et les « négociations délirantes » des enseignes, les pressions dans les box de négos « dignes d’une garde à vue » ou la « mise à genoux » des industriels et des agriculteurs.

Pas en reste, Michel-Édouard Leclerc s’est souvent gaussé des « réflexes pavloviens » de l’industriel, de ses « manipulations ridicules » (mais de bonne guerre). Il a glosé sur ce « roi des marges » qui « arrache des larmes sur sa rentabilité » et qui « rapatrie en Suisse de succulents montants réalisés grâce aux consommateurs français ».

Bref, Richard Girardot devrait être l’homme idéal pour monter au créneau au nom des industries alimentaires et ne pas laisser les plateaux de télévision aux seuls distributeurs.

Le nouveau président de l’association nationale des industries alimentaires, au-delà de la restauration des marges du secteur, va aussi œuvrer à « recréer les conditions de la confiance avec les consommateurs », annonce l’Ania. La profession a déjà enclenché le mouvement, elle va continuer à valoriser ses métiers et, surtout, les ingrédients de ses produits.