Le chiffre d’affaires de la filière a presque triplé en sept ans. La biodynamie, plus exigeante que le bio, gagne aussi du terrain.

La vague du bio ne déferle pas que dans assiettes mais aussi dans les verres.  Selon l’association interprofessionnelle Sudvinbio, les ventes ont triplé en sept ans pour atteindre 1,2 milliard d’euros en 2017. « L’offre est particulièrement dynamique, la demande de plus en plus soutenue ». C’est vrai en France comme à l’exportation. Les cavistes et les vendeurs spécialisés misent sur une croissance à deux chiffres (+20 % par an depuis cinq ans) pendant au moins trois ans encore.

Pour Patrick Guiraud, le président de l’association Sudvinbio, « l’engouement pour le vin bio est né de l’insécurité du consommateur, mais c’est également un acte militant. On trouve une sensibilité plus grande chez les 18-25 ans, qui représentent 20 % des clients du vin bio ».

Dépassé par le succès

Malgré ce dynamisme, la France ne vient qu’en troisième position sur ce segment du marché du vin avec environ 70.000 hectares, loin derrière l’Espagne dont le vignoble bio est plus important. L’Occitanie (Languedoc-Roussillon et une partie de la Vallée du Rhône et du Sud-ouest) détient le plus gros vignoble bio en France. A la fois parce qu’une moindre humidité minore le risque de grave offensive de mildiou et parce que la région a profondément restructuré son vignoble pour produire des vins de qualité.

A vrai dire le succès est tel que l’offre ne parvient pas à couvrir la demande. « Nous serons déficitaires cette année », dit Patrick Guiraud. « C’est un problème car, faute de stocks nous risquons de perdre des clients ». La récolte sera en effet en retrait de 25 % cette année, contre une baisse de 20 % pour le vin classique, qui a souffert d’ une vendange historiquement basse . Avec un revenu très confortable de 8 à 10.000 euros par hectare, le vin bio est une activité nettement plus rémunératrice que les céréales (1.300 euros/hectare) souligne Sudvinbio. Plus de 40 % des vins bio sont proposés entre 5 et 10 euros au consommateur. Et une proportion égale entre 10 et 20 euros.

Zéro produit chimique

Nettement plus exigeante, la biodynamie, une viticulture prenant en compte le mouvement des planètes, notamment de la lune, est elle aussi en plein essor. L’activité représente 10.000 hectares en France et 600 domaines. Mais si le vin produit en biodynamie ne se vend pourtant pas beaucoup plus cher que le vin bio, il est bien plus compliqué de se faire certifier. Les viticulteurs admis sont recrutés parmi des producteurs bio. Puis il leur faut appliquer les méthodes de la biodynamie pendant quatre ans avant de solliciter la garantie d’Ecocert. Ces vignerons n’utilisent aucun produit chimique (pas de bouillie bordelaise), mais seulement des préparations naturelles, du compost ou des tisanes de plantes. Celles-ci sont appliquées à des moments particuliers de jour ou de l’année.

Pour les adeptes de cette approche, la vigne se porte bien parce qu’elle pousse dans des conditions optimales pour la terre. Les raisins acquièrent ainsi une résistance naturelle, visible à leur peau, qui leur permet d’échapper aux conséquences des aléas climatiques, explique Olivier Humbrecht, le président de Biodyvin, le syndicat du secteur.