Le virage stratégique d’Elior doit encore convaincre

En cours de recentrage sur l’activité « restauration collective », le groupe qui se dit plus sélectif dans ses contrats souffre d’une instabilité managériale et peine à convaincre la Bourse.

 

 

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Le siège social d’Elior Group à La Défense.

Denis/REA

Le plan d’économies de structure mis en place par Elior porte ses premiers fruits. Sur le premier semestre, le groupe de restauration collective affiche des résultats en phase avec ce qui était attendu : un chiffre d’affaires de 2,6 milliards en hausse de 1,4 %, et une marge d’Ebita ajustée à 4,7 % contre 5,1 % l’an dernier. L’activité de restauration de concession a été retirée du périmètre du géant français, la cession de la filiale concernée, Areas, étant dans sa dernière ligne droite  après l’annonce fin avril de négociations exclusives menées avec la société d’investissement PAI Partners. La clôture de l’opération, qui porte sur une offre ferme de 1,54 milliard d’euros, doit intervenir au cours de l’été.

La direction met l’accent sur « le redressement des fondamentaux du Nouvel Elior » mais entre les contrats remportés ou gardés comme Renault et la perte de clients historiques et rentables tels la Société Générale à Paris ou ATR à Toulouse, le bilan est contrasté. Si le taux de rétention est inférieur à 90 %, cela refléterait en partie la stratégie assumée de l’entreprise d’être plus sélective en renonçant à des contrats peu rentables.

Le groupe qui se veut désormais un « pure player » de la restauration collective défend sa stratégie de recentrage sur une activité à moindre intensité capitalistique sur un marché très porteur puisque la restauration collective est encore à 50 % autogérée par les entreprises, administrations, hôpitaux, écoles. La direction qui promet une remontée de ses marges dès le second semestre 2019 doit toutefois encore faire la preuve que ce nouveau chapitre de son histoire pourra être véritablement payant.

La Bourse doute

Pour l’instant, la Bourse doute. L’action dont le niveau est tombé autour de 10 euros a cédé pratiquement 30 % en un an et perdu presque la moitié de sa valeur en trois ans. La promesse de reverser aux actionnaires jusqu’à 350 millions cumulés au cours des exercices 2019-2020 et 2020-2021, n’a pas visiblement pas suffi à convaincre les investisseurs. Ces derniers sanctionnent des prévisions revues à la baisse (la croissance organique va reculer de 1 % sur l’exercice en cours contre une progression supérieure à 1 % annoncée initialement) et pour certains un virage stratégique d’un groupe qui cède son activité « concession » après avoir pendant des années mis en avant la complémentarité de cette branche avec la restauration collective.

L’image de l’entreprise souffre aussi de l’instabilité des équipes dirigeantes depuis que Philippe Salle à la tête d’Elior a été remplacé fin 2017 par  Philippe Guillemot. C e dernier prenant la direction générale et Gilles Cojean la présidence au sein d’une gouvernance bicéphale. En mars, c’était au tour de Brian Poplin, le patron Amérique du Nord d’Elior, de quitter le navire puis, plus récemment, de Benoit Cornu, le directeur de la communication.

Rumeur de cession

« Gilles Cojean est le stratège, Philippe Guillemot l’homme de main chèrement payé pour rendre la mariée plus belle et probablement vendre Elior après Areas », affirme un observateur, qui va jusqu’à pronostiquer un scénario assez rapide : une cession d’Elior soit à un industriel (Aramark, Newrest, Groupe Bertrand, car Sodexo et Compass sont trop gros pour y prétendre) soit à un fonds d’investissement. Une opération qui pourrait être enclenchée dès la fin de l’année, assure-t-il. Une hypothèse catégoriquement démentie par la direction de l’entreprise.

Source : Le virage stratégique d’Elior doit encore convaincre | Les Echos