Les boulangers agacés par une contribution sur les emballages
Les boulangers devront ainsi régler 0,0075 euro en pour chaque passage en caisse, 0,0191 euro pour les fromagers et 0,0197 euro pour les bouchers et les autres métiers de bouche. rh2010 – stock.adobe.com
Les boulangers s’agacent d’une évolution d’une contribution des emballages en vigueur depuis 1993. Une incompréhension, pour le gouvernement.
«C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase» : Dominique Anract ne décolère pas. Ce jeudi, le président de la Confédération nationale de la boulangerie et boulangerie-pâtisserie française a dénoncé une évolution qui pèse depuis le début de l’année sur les métiers de bouche, comme les fromagers ou les bouchers.
Concrètement, depuis le 1er janvier, une tarification simplifiée sur les emballages est appliquée pour chaque secteur. Les boulangers devront ainsi régler 0,0079 euro pour chaque passage en caisse réalisé en 2025, les fromagers-crémiers 0,0216 euro et les bouchers ou autres métiers de bouche 0,0223 euro, selon le site d’Adelphe. Sacs à baguette, gobelets de café, boîte à gâteaux ou encore sachets de viennoiseries… De nombreux contenants sont visés par cette mesure, liée à la responsabilité élargie du producteur (REP) sur les emballages ménagers, elle-même rattachée à la loi AGEC anti-gaspillage, promulguée en 2020.
Problème, cette contribution n’est en réalité pas nouvelle, et date de 1993, lors de l’instauration de la REP. Le cabinet d’Agnes Pannier-Runacher s’étonne donc de la colère des boulangers : «Il ne s’agit pas d’une nouvelle taxe mais d’une simplification administrative parce que le calcul antérieur de cette contribution était bien trop complexe pour les boulangers et nécessitait de connaître le nombre et le poids de chaque emballage distribué». Les producteurs ont ainsi l’obligation depuis 1993 de financer la fin de vie de leurs emballages, comme les sacs de fruits et légumes, les sacs de caisse en papier et déjà les sachets de viennoiseries ou pour le pain.
«Les artisans ont d’autres choses à faire»
Quoi qu’il en soit, cette obligation suscite l’agacement de certains professionnels. «Ce n’est pas ça qui va faire fermer une boulangerie mais c’est quand même une taxe supplémentaire», peste Dominique Anract, pour qui «les artisans ont d’autres choses à faire que de compter et peser ses emballages». Le représentant des boulangers s’interroge : «Pourquoi ce ne sont pas les fournisseurs qui prennent en charge cette contribution ? On nous a répondu que ce serait les derniers émetteurs sur le marché car les gros faiseurs auraient été à l’étranger pour ne pas payer cette taxe.»
Pour une boulangerie qui reçoit 2000 clients par jour, les dépenses supplémentaires s’élèvent ainsi à 15,80 euros par jour et près de 6000 euros par an, soit 2 à 3% du chiffre d’affaires liés aux coûts des emballages. Des frais qui pourraient être répercutés sur les clients dans certains cas. «J’ai conseillé à nos membres d’appliquer 5 ou 10 centimes de plus sur une quiche ou un flan, par exemple, pour avaler cette taxe sur l’année, le but n’est pas de taper dans ses deniers», explique le président de la Confédération nationale des boulangers. Un montant minime, tempère-t-il.
De leur côté, d’autres se montrent plus compréhensifs. «Pour la profession des fromagers-crémiers, on sait que les choix d’emballages sont de plus en plus importants pour nous et pour les consommateurs, c’est un cercle vertueux», souligne Leslie Martin, directrice qualité et formation de la Fédération des fromagers de France. La profession «n’envisage pas de hausses de prix sur leur secteur d’activité», glisse-t-elle aussi.
Certains professionnels se sont déjà adaptés et proposent des «démarches écologiques» à leurs clients. Des boulangers proposent par exemple une baguette gratuite si le consommateur revient plusieurs fois avec son propre sachet à pain. «Pour eux, ce n’est peut-être pas forcément avantageux de prendre les forfaits négociés avec Adelphe – à 0,0079 euro par passage en caisse – et de calculer plutôt au réel», souligne Dominique Anract. Ce mois-ci, l’éco-organisme va envoyer une facture provisionnelle basée sur une estimation des emballages distribués et déclarés par les professionnels en 2024. La contribution réelle de 2025 sera ensuite régularisée début 2026.
Par Emma Confrère – A retrouver en cliquant sur Source