Au printemps prochain, l’Union européenne pourrait faire face à une pénurie de 490.000 tonnes d’orge brassicole.

L’Europe suffoque, les brasseurs trinquent. Au sens négatif du terme. Le temps chaud et sec de cet été a été terrible pour les cultures d’orges du nord de l’Europe, au point de mettre en péril l’approvisionnement en malt des brasseurs de cette région et alors qu’ils devaient déjà faire face à un  manque de gaz carbonique .

En Scandinavie, dans le nord de l’Allemagne et des Pays-Baltes, les rendements des principaux producteurs pourraient chuter au final de 30 à 40 % par rapport à la normale, estime le négociant Evergrain Allemagne, cité par  Bloomberg .

Selon les analystes, l’Union européenne pourrait faire face à une pénurie de 490.000 tonnes d’orge brassicole au printemps – le premier déficit en huit ans – du fait de l’impact des conditions météorologiques sur les cultures. Cela représente une baisse de 10 % par rapport à la moyenne quinquennale.

Changement radical du marché

Les températures extrêmes ont donc provoqué un changement radical du marché : il y a moins de deux mois, on s’attendait en effet à un excédent de plus d’un million de tonnes d’orge brassicole européenne.

Le temps chaud ne fait en effet pas que détruire en partie les récoltes. Il diminue également la qualité de l’orge, le rendant impropre à la confection de la bière. Conséquence, il y aura probablement un surplus de céréales utilisables uniquement pour l’alimentation du bétail.

La bonne récolte de la France

Les malteurs qui extraient le malt de l’orge devront payer pour des grains de haute qualité ou modifier leurs procédés de fabrication. Cependant, il est peu probable que les buveurs de bière paient davantage pour une pinte, car l’orge ne représente qu’une infime partie du coût total de la boisson.

D’autant que la faible production dans le nord de l’Europe pourrait être compensée par la France, qui a eu une excellente récolte et pourrait assurer l’approvisionnement. Les prix de l’orge brassicole française ont d’ailleurs déjà augmenté de plus de 35 % depuis avril, atteignant leur plus haut niveau depuis 2013, selon les données de Commodity3.

Mais pour les producteurs de bière, les véritables problèmes ne devraient pas survenir avant l’année prochaine : si Heineken, le second plus important brasseur du monde, n’a pas revu à la baisse ses objectifs pour 2018, il a préféré rester silencieux en ce qui concerne 2019.