Les nouvelles exigences des adeptes du bio

Les consommateurs de produits bio changent. Certains arrêtent. Les autres réclament plus d’informations et acceptent mal les prix élevés. Sauf les plus jeunes.

La clientèle du bio est en train de changer. Les consommateurs réguliers de l’Hexagone sont moins nombreux (leur proportion passe de 16 % à 12 % en un an) et la part des non-consommateurs (les moins aisés) augmente pour atteindre 12 % (+4 points). C’est la première fois en quatre ans, selon l’Agence Bio, l’organisme public qui suit l’évolution de l’agriculture et de la consommation bio en France. Leur regard aussi change. Ils commencent à se poser des questions. Réclament plus de transparence et d’informations sur la réglementation et sur les contrôles. Mais de nouveaux clients arrivent. Ils sont à la fois très jeunes (18-24 ans) et plus confiants.

« Les Français savent identifier un produit bio, en connaissent les grandes lignes mais ils doutent qu’il ait une valeur nutritionnelle supérieure. La confiance à l’égard des informations fournies sur les étiquettes est mitigée, alors que le niveau d’exigence et de transparence à l’égard du bio augmente », explique l’Agence Bio, au terme d’une étude réalisée à l’automne auprès de 2.000 personnes.

Différence de prix mal acceptée

Après trois années de hausse consécutives de la part du budget consacrée aux produits bio, les choses se stabilisent. Plus de la moitié des acheteurs (54 %) déclare n’avoir pas augmenté la part de ses dépenses consacrées au bio. Seul un tiers des Français estime normal qu’un produit bio coûte plus cher, alors qu’ils étaient 41 % en 2017.

Les très jeunes raisonnent autrement

Sur ce sujet, le bio provoque « une fracture générationnelle » nette. 47 % des 18-24 ans jugent normal de payer plus cher un produit alimentaire bio ». Ce qui en dit long pour l’Agence sur « une génération plus attachée au pouvoir de vivre qu’au pouvoir d’achat ».

Les critères de choix des jeunes ne sont pas les mêmes que ceux des autres tranches d’âge, affirme l’Agence Bio.  Le bien-être animal est déterminant pour 37 % d’entre eux contre 28 % dans l’ensemble de la population. 32 % des jeunes plébiscitent aussi l’éthique et les raisons sociales, contre 25 % pour l’ensemble. 27 % des jeunes ont l’intention d’augmenter leur consommation de produits bio au cours des six prochains mois, mais ils voudraient, pour un tiers d’entre eux, avoir plus d’informations sur la réglementation et les contrôles.

Fruits et légumes d’abord

Que met-on dans un panier de produits bio ? Les fruits et les légumes frais sont toujours les favoris . Mais ils ne progressent plus. A contraire d es produits laitiers , en hausse de 7 %. Les oeufs bio ont également beaucoup de succès. Quatre personnes sur dix déclarent manger de la viande et de la volaille bio. Une personne sur trois du pain bio. Et souligne l’Agence Bio « le pain Bio serait plus fréquemment acheté si on en trouvait ».

Ou achète-t-on des produits bio ? Les trois quarts des Français sont intéressés par une offre bio en dehors de leur domicile. L’attente la plus forte concerne les cantines scolaires, surtout en région parisienne. Sept consommateurs sur dix souhaitent en trouver plus en supermarchés. En revanche, ils ont une image assez mitigée du bio vendu sous marques de distributeurs (MDD), auxquelles ils donnent une note inférieure à 6 sur 10.

Les agriculteurs, malgré le retard des aides, continuent à se convertir . Ils n’ont jamais été aussi nombreux à se passer au bio, s’est félicité Gérard Michaut, le président de l’Agence Bio. En 2018, ils ont été plus de 6.200 à faire ce choix.