Les restaurants indépendants ont connu une année 2022 « historique »
Les établissements indépendants ont vu leurs ventes progresser de 15 % l’an dernier par rapport à 2019, selon Gira. Si les chaînes font encore mieux, leur situation est plus contrastée : certaines progressent vite quand près de 30 % enregistrent, au contraire, un chiffre d’affaires en baisse.
La restauration, depuis le Covid, chaque année fait figure d’exception pour des raisons différentes. 2022 ne déroge pas à la règle. Pour la première période sans restrictions, la consommation alimentaire hors domicile, incluant aussi les cantines, les boulangeries et autres circuits de proximité, a vu son chiffre d’affaires progresser de 13,6 %, à 113,9 milliards d’euros par rapport à 2019, avant la pandémie, selon les calculs du cabinet Gira qui publiera le 23 mai son bilan 2022 du secteur.
« C’est une première historique. Trois indicateurs sont en hausse en même temps : le chiffre d’affaires, le ticket moyen qui augmente de 4,8 % alors que les établissements n’ont réellement commencé à répercuter l’inflation qu’à partir de septembre, et le temps passé pour manger. L’effet rattrapage se fait sentir », constate Bernard Boutboul, président de Gira.
Forte disparité
La restauration commerciale a particulièrement bien tiré son épingle du jeu. Les indépendants, qui constituent la plus grande partie des troupes, ont connu une progression de 15 %. « Ils réalisent une excellente performance », juge-t-il.
Du côté des chaînes, la hausse atteint, certes, 22 %. Mais le bon score masque à la fois l’extension du parc d’établissements qui gonfle les ventes et une forte disparité entre les enseignes . Environ 30 % des réseaux sont en effet en régression.
Le marché devient saturé. Le gâteau à se partager ne grossit pas à la même vitesse. Cela va poser des problèmes à l’avenir. Il y a plus de restaurants qu’il n’en faut.
Bernard Boutboul Président de Gira
« Il s’agit des enseignes qui ne se sont pas remises en cause, n’ont pas repensé leur offre et ont pratiqué des augmentations de tarifs sans les justifier. Le consommateur estime alors que le niveau de prix devient très haut pour ce qu’il obtient. A l’inverse, les autres acteurs se montrent dynamiques et ont souvent réalisé de très fortes progressions », souligne Bernard Boutboul.
Si les chiffres sont globalement favorables, ils ne doivent pas non plus masquer les risques pour un secteur dont le nombre d’établissements s’est accru de 6,1 % entre 2019 et 2022. « Le marché devient saturé. Le gâteau à se partager ne grossit pas à la même vitesse. Cela va poser des problèmes à l’avenir. Il y a plus de restaurants qu’il n’en faut », estime-t-il.
Si les défaillances en 2022 ont été inférieures à 2019, grâce aux aides apportées au plus fort de la pandémie, il juge cependant qu’il faut s’attendre à des niveaux record à partir de 2023 mais surtout de 2024.
Réduction de budget
Pour cette année, du côté du chiffre d’affaires, les premières tendances sont contrastées. Janvier et février étaient d’autant plus positifs qu’ils bénéficiaient d’une comparaison avec une période de pic du Covid début 2022 qui avait poussé les gens à rester chez eux. Mars et avril ont en revanche décroché, avec parmi les explications possibles, la météo médiocre, le ramadan et l’accentuation de la hausse des prix. Mais les signaux semblent au vert pour cet été.
Les consommateurs ont tendance à se décider de manière plus spontanée et à moins réserver bien en amont. Ils s’inquiètent cependant de voir le montant de leur addition déraper. Le soir, ils ne sont plus que 52 % à dépenser moins de 30 euros par repas, contre 59 % l’an dernier, selon le sondage mené ce printemps par Gira.
81 % des Français ont d’ailleurs constaté une hausse des prix dans leurs restaurants habituels et 30 % une réduction des portions. Rien d’étonnant donc si, face aux difficultés de pouvoir d’achat , une personne interrogée sur deux déclare avoir réduit son budget consacré aux restaurants, sans différence entre villes et zones rurales.
La plupart du temps, les gens y vont moins. Rares sont ceux qui ont modifié leurs habitudes une fois sur place en consommant moins. S’ils sortent, c’est pour se faire plaisir.
Clotilde Briard
Source : Les restaurants indépendants ont connu une année 2022 « historique »