Les sirops Monin ouvrent une usine en Russie pour développer un marché en plein boom

Le groupe français, qui commercialise déjà entre 3 et 4 millions de bouteilles de sirops en Russie, s’apprête à ouvrir une usine près de Moscou. Il vise le segment haut de gamme d’un marché en forte croissance.

Les sirops Monin viennent apporter un peu de douceur aux relations franco-russes. Loin des tensions politiques et du ralentissement général des échanges d’affaires entre les deux pays, la société familiale finalise la construction d’une usine près de Moscou. « Le marché du sirop est en plein boom en Russie, notamment avec la multiplication des ouvertures de cafés et restaurants depuis trois ans. Nous visons aussi les ex-pays soviétiques », s’enthousiasme le directeur général de la filiale russe, Boris Merlin.

La société centenaire, approchée par le fonds souverain d’investissement russe , a finalement préféré financer seule et sur fonds propres son usine de Stoupino, à quelque 100 km au sud de Moscou, moyennant un investissement de près de vingt millions d’euros. Le début de la production est prévu pour juillet, avec l’essentiel de la gamme des sirops Monin, soit environ 140 parfums mais aussi plusieurs goûts très russes, comme l’estragon et l’argousier.

Une façon aussi d’échapper aux sanctions

Jusqu’à présent, pour couvrir le marché russe, Monin importait entre 3 et 4 millions de bouteilles par an de ses deux usines françaises. A Stoupino, la capacité annuelle sera de 8 millions de bouteilles. Elle pourra encore doubler avec l’ajout d’une deuxième ligne de production. Monin mise sur une forte hausse de la demande des consommateurs russes de plus en plus portés vers les sirops, limonades fruitées, cafés et thés aromatisés ou encore cocktails variés. Le Français cible le marché « premium » avec des recettes, pour l’essentiel, à base d’ingrédients naturels. Les prix de ses sirops produits en Russie seront deux fois plus élevés que ceux de son principal concurrent local.

Avec cette usine, construite à 90 % avec des équipements importés, Monin sera protégé d’éventuelles sanctions sur les produits venant d’Europe. L’embargo russe sur des produits alimentaires européens, décidé par le Kremlin en représailles aux mesures européennes contre Moscou après l’annexion de la Crimée en 2014, interdit ainsi la vente d’une vingtaine de sirops, ceux faits à partir d’extraits de citron, de jus de fruits et de caramel ou autres produits laitiers. La production locale protégera aussi Monin des fluctuations du rouble : la forte dépréciation de la devise russe depuis six ans a considérablement augmenté le prix des bouteilles importées.

Après la Chine et la Russie, l’Inde et le Brésil

L’usine de Stoupino, installée dans un parc industriel choisi parmi quinze autres sites visités, se trouve au coeur de l’axe entre les régions de Moscou et Saint-Pétersbourg, représentant 70 % des ventes russes de Monin. Elle vient s’ajouter à celle ouverte en Chine en 2017 , avant deux autres projets lancés au Brésil et en Inde. « Les BRICS sont nos marchés d’avenir ! », veut croire Boris Merlin. Monin vend quelque 100 millions de bouteilles par an dans 150 pays. Si l’Allemagne et le Royaume-Uni sont ses principaux pays d’exportation en Europe depuis les usines françaises, la Russie figurait jusque-là au quatrième rang. La commercialisation s’y fait pour le moment uniquement à destination des professionnels, mais un développement de la vente en magasins n’est pas exclu à terme.

Article de Benjamin Quénelle (Correspondant à Moscou) – A retrouvere n cliquant sur Source

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